Un maillot pour l’Algérie
Alors que la guerre d’Algérie prend un tournant dramatique pour les belligérants (tortures, crise politique…), douze footballeurs algériens, jouant en métropole, en Première Division, décident d’offrir au jeune pays émergent leur première équipe nationale, en 1958 ! Clandestinement, ils réussiront à rejoindre Tunis et, arborant le maillot vert frappé du croissant et de l’étoile rouges, ils porteront haut les couleurs du drapeau algérien, faisant ainsi, à leur manière, et dans une ambiance non dénuée de risques, d’animosité et d’enjeux politiques, avancer la cause des fellaghas du FLN.
Le prolifique Kris (Notre Mère la Guerre , Un homme est mort avec Davodeau…), dont pas moins de six albums devraient sortir d’ici à 2017, dont Mon père était boxeur chez Futuropolis, s’est associé ici à Bertrand Galic – pilier du festival Brest en bulles et auteur du récent Le Cheval d’orgueil. Ensemble, ils ont écrit là un ouvrage original et documenté, qui permet d’aborder sous un autre angle cette blessure encore vive de l’Histoire de l’Algérie et de la France. Et redonnent gloire à des joueurs courageux, encore en vie pour certains, comme Rachid Mekhloufi, qui continuera, après la guerre, à porter les couleurs stéphanoises et à enflammer le Chaudron. Le trait réaliste du catalan Javi Rey (Secrets – Adelante) soutient une narration certes classique mais plutôt efficace. L’évocation se veut par là même enlevée mais solennelle, le devoir de mémoire n’est jamais loin. Classicisme du récit et originalité du point de vue se combinent ici.
Bel hommage de ces trois amoureux du ballon rond à ces ambassadeurs de l’indépendance algérienne. Une preuve supplémentaire, s’il en fallait, que le sport peut être le miroir de l’Histoire, comme son moteur.
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