L’idée de Poéstrip, nouvelle collection de romans graphiques de Nathan bande dessinée, est étonnante : des auteurs sont invités à proposer une « variation graphique autour d’un poème ». Bérangère Delaporte avait ouvert le bal avec Grande Échappée, une fiction sur une relation conjugale toxique vue par les yeux d’une ado, inspirée par La Panthère de Rainer Maria Rilke. Ici, la romancière Charlotte Bousquet et le dessinateur Joseph Kai s’emparent du Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie de Louise Labé, pour imaginer comment les mots de la poétesse sur l’amour peuvent encore résonner pour les ados d’aujourd’hui.

Ils mettent en scène Maëva, élève de seconde mal dans sa peau, qui flashe sur un beau garçon de son lycée. Comment l’aborder ? Est-ce à elle de le faire ? Comment faire face à la « concurrence » de filles plus jolies et sûres d’elles ? Un condensé de tourments de l’adolescence à l’heure des réseaux sociaux… Et un album plutôt convaincant, qui donne joliment corps aux mots de Louise Labbé qui, étudiés en cours de français, sont souvent ennuyeux ou propices à gloussements : là, la puissance du sentiment amoureux qui parcourt le corps des cheveux jusqu’au bout des orteils, en se logeant bien trop souvent dans l’estomac noué et le coeur trépidant. Dans l’air du temps, le dessin de Joseph Kai possède un côté doux et accueillant, malgré un design d’apparence raide et froid au premier regard. Intéressant et sincère, l’ensemble demeure toutefois un peu anecdotique et trop vite lu, surtout par rapport à son prix (23,95 €), démesurément élevé.