La routine. Chaque petit matin, ce petit bonhomme se lève, déjeune de café et d’une galette complète mitonnée par sa bigoudène de compagne, et part rejoindre son minuscule chalutier, non sans avoir pris sa besace garnie de ces insupportables boîtes de sardines à l’huile… Tous les jours, le rituel de ce vieux couple se répète. Mais ce jour-là, la journée de pêche va aller d’imprévus en catastrophes. Monsieur va croiser des pétroliers et des pirates, et Madame partira même pour Cuba !

Et si l’amour, c’était comme une boîte de sardines ? Quelque chose de plutôt bon, un peu monotone aussi, rassurant mais sans folie. Mais auquel il suffit juste de quelques épices pour le sublimer et le rendre plus savoureux que n’importe quel autre plat. C’est ce que suggère Wilfrid Lupano (Les Vieux Fourneaux, Ma révérence, Le Singe de Hartlepool…) dans cet épais et délicieux livre de plus de 200 pages, au rythme haletant, aux clins d’oeil écolo et à l’humour efficace. Et pour mettre en images cette histoire d’amour fleuve totalement muette, on retrouve celui qui s’est affirmé ces dernières années comme un spécialiste du genre, et qui prend ici une autre dimension : Grégory Panaccione, auteur de Toby mon ami, Âme perdue et Match. Précis dans les attitudes et les mimiques, vif dans ses mouvements, intelligent dans ses cadrages, il s’inspire de toutes les bonnes ficelles du dessin animé pour les appliquer à la bande dessinée, afin de trouver un langage visuel toujours compréhensible et jamais figé. De plus, il joue ici avec la couleur et les textures de bien belle manière, donnant encore plus de vie à ses planches.

Résultat, Lupano et Panaccione produisent une bande dessinée tous publics parmi les plus réussies de l’année, un condensé de bonheur dessiné capable de séduire un large lectorat par son humour piquant, sa jolie romance et son rythme enlevé. Plongez dans cet Océan d’amour, vous en ressortirez un large sourire aux lèvres.