Un oeil sur les comics #3 : Walking Dead
Pour sa troisième chronique comics sur BoDoï, Thomas Rivière (animateur du blog ComicsPlace) revient sur une série dont on vous parle régulièrement ici: Walking Dead. Alors que sort chez Delcourt le 9e volume, retour sur une bande dessinée phénomène, qui dépasse les frontières des comics traditionnels. Et rencontre un succès important en France comme de l’autre côté de l’Atlantique.
The Walking Dead est le bébé de Robert Kirkman, scénariste américain à qui l’on doit notamment Ultimate X-Men chez Marvel et Invincible chez Image (et Delcourt chez nous). Amoureux des films de zombies de George Romero, il s’est demandé ce qui se passait quand le générique de fin venait clôturer une séance. Que deviennent alors les héros ? Walking Dead est un film qui n’aurait jamais de générique, jamais de fin, et qui se terminera le jour où il ne restera rien, quand tout espoir sera mort.
C’est Tony Moore, le dessinateur de Fear Agent (Akileos) qui dessine les six premiers épisodes. On se réveille dans un monde peuplé de zombies. Un groupe d’humains s’unit pour tenter de survivre. Les débuts sont ainsi très classiques, comme le dessin de Moore (en noir et blanc). Ce dernier quitte la barque très vite et est remplacé dès le 7e numéro par Charlie Adlard, toujours en poste. Il sort un numéro de 22 pages par mois depuis plus de 4 ans, avec une régularité sans faille. Ce dernier a su donner un ton et une identité à la série, il est aujourd’hui associé à ce projet pour toujours.
Depuis cinq ans, le succès est grandissant. Un buzz énorme entoure cette série qui enchaîne séquences horrifiques d’attaques de zombies affamés (très noires) et scènes intimistes où les survivants apprennent à se connaitre, à s’aimer, et à reconstruire un peu d’humanité dans un monde sans espoir. Nomades, ces héros s’installent dans une prison pour se protéger des morts-vivants, le temps de vivre dans un mirage, et d’apprendre que le mal est aussi bien en eux qu’en dehors. Un huis-clos palpitant dans lequel on se méfie de tout le monde, on craint pour la vie de tous, et où chaque nouvelle page est une aventure. Les premiers numéros de Walking Dead s’étaient mal vendus. Aujourd’hui, ce sont 25 000 exemplaires qu’Image Comics écoule chaque mois. Le succès est venu aussi des éditions en recueils reliés, comprenant chacun six épisodes, qui se vendent à plus de 15 000 exemplaires le mois de leur sortie et restent durablement dans les charts. En France, le phénomène est identique : Delcourt a soutenu ce titre autrefois publié chez Semic, et cumule au total plus de 10 000 exemplaires vendus de chaque nouveau volume. Walking Dead est aujourd’hui l’un des plus gros succès de comics en France.
La force de la série réside dans la noirceur et la beauté de ses dessins, mais aussi dans l’écriture aux petits oignons d’un Robert Kirkman en pleine forme. Ses dialogues sont justes, ses histoires riches, ses personnages complexes, ses cliffhangers haletants. Et ses rebondissements sont des petites pépites de chocolat sur un délicieux cookie, on les croque et on en redemande. Attention, se plonger dans Walking Dead est addictif : quand on a goûté à un épisode, on veut immédiatement avaler le suivant.
L’autre atout de ce comics, c’est qu’il ne se contente pas d’être une BD sur les zombies. C’est avant tout une grande aventure humaine, un véritable feuilleton, un soap de qualité où chaque personnage a quelque chose à défendre, et où les histoires à tiroirs ouvrent sur d’autres aventures encore plus grandes. Tout comme The Dark Knight était un excellent film, dans lequel on oubliait presque la présence de Batman, Walking Dead n’est pas tributaire de ses zombies: vous n’avez pas à apprécier particulièrement les morts-vivants pour l’aimer.
La série connaît donc un succès mérité, et a fait de Robert Kirkman une star. Longtemps meilleure vente de son éditeur, ce titre a permis à son créateur de rentrer dans le cercle très fermé des associés d’Image Comics (aux côtés des pères fondateurs comme Todd McFarlane), et de proposer aujourd’hui des BD à succès comme Image United et Haunt, qui vient de battre des records de vente pour un comics indépendant, avec plus de 60 000 exemplaires vendus et un second tirage en ligne de mire. Walking Dead est à découvrir, Robert Kirkman aussi. Son talent est immense et son œuvre, majeure.
Thomas Rivière
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J’en suis ! Mon prochain comic!
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J’en suis ! Mon prochain comic!
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Son oeuvre majeure ? je ne suis as trop d’accord, il a pas l’étoffe d’un Alan Moore ou même d’un Gaiman, Morrisson…
walking dead est sympa sans plus, un bon moment de lecture mais de là à en faire un chef d’oeuvre… -
Son oeuvre majeure ? je ne suis as trop d’accord, il a pas l’étoffe d’un Alan Moore ou même d’un Gaiman, Morrisson…
walking dead est sympa sans plus, un bon moment de lecture mais de là à en faire un chef d’oeuvre… -
Bonjour Thomas,
je suis libraire spécialisé dans le comics et je te suis depuis quelques temps sur comics Place, histoire d’avoir différents sons de cloches et avis sur les sorties Vo et Vf.
Contrairement à Maurice, je pense réellement que Walking Dead est une oeuvre majeure.
Le fait de citer Morisson m’a fait un peu sourire car il est arrivé à celui ci d’être parfaitement nébuleux par moments, et il perd bien trop souvent ses lecteurs en circonvolutions.
je lui reconnais cependant un paquet de belles choses.Là par contre ou j’ai une lecture différente sur Walking Dead, thomas, c’est que dans ton article tu ne décris pas l’horreur des comportements humains or elle est omniprésente, et on ne peut nier que les pires actes commis sont bien ceux des humains.
Kirkman peut ainsi brosser un catalogue assez sombre de la psyché humaine en période de survie, et c’est précisément selon moi l’objet de cette série, la survie ou survivance, car si l’on regarde bien la construction scénariqtique de walking Dead, on voit bien que kirkman a fait des morts vivant le contexte de l’histoire, et non son objet.
De ce point de vue, Il aurait tout aussi bien pu exposer les humains a une invasion extra-terrestre, une contamination bactériologique ou autre type de phénomène obligeant les hommes à survivre.
On n’est pas là dans une quête du « pourquoi » comme a pu le faire brian k. vaughan dans « y le dernier homme » mais dans le « comment » survivre.Enfin, le fait que Walking Dead, série déjà longue et dont on ne voit pas encore le bout est déjà en soi une performance et n’est selon moi pas à comparer aux oeuvres (pas toutes géniales non plus des Gaiman/Moore et compagnie). Tout ça n’est qu’une question d’avis évidemment, les époques changent, les gens évoluent.
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Bonjour Thomas,
je suis libraire spécialisé dans le comics et je te suis depuis quelques temps sur comics Place, histoire d’avoir différents sons de cloches et avis sur les sorties Vo et Vf.
Contrairement à Maurice, je pense réellement que Walking Dead est une oeuvre majeure.
Le fait de citer Morisson m’a fait un peu sourire car il est arrivé à celui ci d’être parfaitement nébuleux par moments, et il perd bien trop souvent ses lecteurs en circonvolutions.
je lui reconnais cependant un paquet de belles choses.Là par contre ou j’ai une lecture différente sur Walking Dead, thomas, c’est que dans ton article tu ne décris pas l’horreur des comportements humains or elle est omniprésente, et on ne peut nier que les pires actes commis sont bien ceux des humains.
Kirkman peut ainsi brosser un catalogue assez sombre de la psyché humaine en période de survie, et c’est précisément selon moi l’objet de cette série, la survie ou survivance, car si l’on regarde bien la construction scénariqtique de walking Dead, on voit bien que kirkman a fait des morts vivant le contexte de l’histoire, et non son objet.
De ce point de vue, Il aurait tout aussi bien pu exposer les humains a une invasion extra-terrestre, une contamination bactériologique ou autre type de phénomène obligeant les hommes à survivre.
On n’est pas là dans une quête du « pourquoi » comme a pu le faire brian k. vaughan dans « y le dernier homme » mais dans le « comment » survivre.Enfin, le fait que Walking Dead, série déjà longue et dont on ne voit pas encore le bout est déjà en soi une performance et n’est selon moi pas à comparer aux oeuvres (pas toutes géniales non plus des Gaiman/Moore et compagnie). Tout ça n’est qu’une question d’avis évidemment, les époques changent, les gens évoluent.
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Je partage cette belle critique de Thomas sur Walking Dead !
De la belle ouvrage dont je parlais également ici :
http://phylacteres.wordpress.com/2009/11/07/blast-the-walking-dead/
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Je partage cette belle critique de Thomas sur Walking Dead !
De la belle ouvrage dont je parlais également ici :
http://phylacteres.wordpress.com/2009/11/07/blast-the-walking-dead/
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« Aujourd’hui, ce sont 25 000 exemplaires qu’Image Comics écoule chaque mois. Le succès est venu aussi des éditions en recueils reliés, comprenant chacun six épisodes, qui se vendent à plus de 15 000 exemplaires le mois de leur sortie et restent durablement dans les charts. » avez vous écrit;
Excusez-moi, mais je trouve ces chiffres médiocres pour un marché de langue anglaise qui regroupe les Etats Unis, le Canada et l’Angleterre (soit plus de 400 millions d’habitants au total).
Il me seùble qu’un comics vaut 3 dollars environ, donc ce n’est pas son prix qui géne l’achat (contrairement à un album français qui vaut entre 10 et 15 euros).
Cela n’ enlève rien à l’interet de la série, bien sur, mais il me semble que des titres comme batman, ou les xmen se vendent bien mieux sur les mêmes marchés!
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« Aujourd’hui, ce sont 25 000 exemplaires qu’Image Comics écoule chaque mois. Le succès est venu aussi des éditions en recueils reliés, comprenant chacun six épisodes, qui se vendent à plus de 15 000 exemplaires le mois de leur sortie et restent durablement dans les charts. » avez vous écrit;
Excusez-moi, mais je trouve ces chiffres médiocres pour un marché de langue anglaise qui regroupe les Etats Unis, le Canada et l’Angleterre (soit plus de 400 millions d’habitants au total).
Il me seùble qu’un comics vaut 3 dollars environ, donc ce n’est pas son prix qui géne l’achat (contrairement à un album français qui vaut entre 10 et 15 euros).
Cela n’ enlève rien à l’interet de la série, bien sur, mais il me semble que des titres comme batman, ou les xmen se vendent bien mieux sur les mêmes marchés!
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