Un peu de bois et d’acier ***
Par Christophe Chabouté. Vents d’Ouest, 30€, le 12 septembre 2012.
C’est un banc, un simple banc public, sur lequel les amoureux gravent leurs sentiments, un sans domicile fixe s’installe de temps en temps, une lectrice dévore un roman de Barbara Cartland.
Les chiens passent devant sans trop l’outrager, et les saisons défilent. Fait d’ « un peu de bois et d’acier » (titre de l’album), il voit les mois s’étirer. Deux inconnus se le partagent sans s’observer, accaparés par leurs téléphones portables. Un homme épris attend en vain, des fleurs à la main. Un musicologue s’y cultive, tandis qu’un musicien s’y égosille. Une dame hygiéniste l’essuie avant d’y poser son postérieur et son sac à main, puis se cure le nez sans vergogne.
S’il est une chose que Christophe Chabouté ne cultive pas, c’est bien la facilité. Il a su séduire et toucher avec des livres âpres : le dépressif mais brillant Purgatoire, un portrait de l’assassin Henri Désiré Landru, l’adaptation de Construire un feu de Jack London, la chronique meurtrière et maritime Terre-Neuvas. Son dernier album, assez improbable, avait déçu. Celui-ci renoue avec une veine habile et poétique. Sur plus de 300 pages, l’artiste déroule des bribes d’existence. En maniant l’humour et l’émotion, il installe des personnages récurrents, attachants. Pas besoin de dialogues pour plonger dans ces histoires muettes, dépeintes d’un beau noir et blanc expressif. Sans sensiblerie, délicatement, le banc raconte le temps qui passent, les hommes qui changent.
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