Un « Poulet aux prunes » fidèle, mais un peu tiède
Auteurs de la version animée et acclamée de Persepolis, Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud récidivent en adaptant Poulet aux prunes (publié par la première à L’Association en 2004). Cette fois, le film est live, avec des acteurs en chair et en os.
A Téhéran, à la fin des années 60, Nasser Ali Khan (Mathieu Amalric) décide que la vie ne vaut plus la peine d’être vécue. Il se laisse mourir huit jours durant. L’occasion pour un conteur (Edouard Baer) de nous faire replonger dans ses souvenirs et d’expliquer ce qui le ronge.
En apparence, Nasser Ali, musicien professionnel, est dévasté par une action inconsidérée de son épouse acariâtre (Maria de Medeiros) : le bris de son violon chéri, qu’il ne parvient pas à remplacer par un instrument aussi mélodieux. En réalité, c’est une rencontre fortuite l’a crucifié : celle de la femme de sa vie, Irâne (Golshifteh Farahani), dont le destin – et l’autoritarisme d’un père – l’a séparé de nombreuses années auparavant…
Contrairement à ce que sa bande-annonce pourrait laisser supposer, Poulet aux prunes ne se résume pas à une resucée iranienne, légèrement dépressive, du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain. Avec des effets bien dosés (couleurs poussées ou jeux de lumière), jamais pesants, ce long-métrage nous entraîne dans les méandres d’une vie ratée, hantée par un amour contrarié.
Du côté des comédiens, il n’y a rien à redire. Dans une scène rallongée par rapport au livre, Jamel Debbouze cabotine un peu, endossant la personnalité débridée d’un vendeur très expressif, qui ne déparerait pas dans Les 1001 Nuits. Mais Mathieu Amalric endosse très dignement le costume du héros qui s’auto-condamne. Maria de Medeiros, dans le rôle de la mégère moins obtuse qu’il n’y paraît – et finalement émouvante -, est parfaite.
D’où vient alors que l’on ressort un brin déçu de ce voyage intime et subtil, à la fois profond et léger ? Pas des quelques différences que l’on peut noter par rapport à la bande dessinée (le tar simplifié, remplacé par un violon, une séquence lyrique qui résume les existences séparées de Nasser Ali et Irâne…). Mais peut-être, justement, de la proximité très (trop?) grande entre les deux oeuvres. Qui interroge sur la pertinence d’une adaptation, même jolie et plutôt réussie.
Laurence Le Saux
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Poulet aux prunes
Long-métrage de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud.
Avec Mathieu Amalric, Edouard Baer, Maria de Medeiros, Golshifteh Farahani, Eric Caravaca, Chiara Mastroianni, Jamel Debbouze, Isabella Rossellini…
En salles le 26 octobre 2011. Durée : 1h33.
Images © Le Pacte.
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J’irai le voir d’ici la fin de la semaine, si vous le souhaitez, je vous en ferai une critique!
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