Les ninjas on connait. Leur existence, leur apparence et leurs techniques font autant fantasmer l’imaginaire occidental que ceux des samouraïs. Les mangas historiques, d’action et d’aventure se sont emparés de cette figure japonaise de l’espion expert du camouflage et du combat. Dans cette série, il est fort probable que vous ne reconnaissiez pas les shinobis que l’on vous a présentés jusqu’à aujourd’hui, pour la bonne et simple raison qu’ils vivent sans leur fameux accoutrement et semblent aussi banals que la plupart de nos concitoyens. Car oui, même si l’on pourrait les croire disparus depuis des siècles, les ninjas sont là, parmi nous. Ils seraient même près de 200 000 en circulation…

Bien que cela fasse plus de 5 ans que l’on n’ait plus de nouveauté de l’auteur en France, le nom de Kengo Hanazawa ne doit pas vous être inconnu (sinon il faut y remédier). Auteur de la série de zombies I am a hero – qui est incontestablement l’une des meilleures que connaisse le support, c’est avec un grand plaisir que l’on découvre sa nouvelle œuvre. Les familiers de son travail ne seront pas pris au dépourvu : les héros losers, les situations cocasses, les dessins réalistes réalisés à partir de photos, tout est immédiatement reconnaissable. Le mangaka ne se repose pas pour autant sur les acquis, réduit sa cadence et son nombre d’assistants pour ne pas être écrasé par la surproductivité subie lors de la prépublication de sa dernière série.

C’est au demeurant un vrai plaisir de retrouver ce qui faisait le sel de son précédent manga. Toujours surprenant, il fascine encore par son audace constamment renouvelée, son rythme posé et son approche totalement décalée. Avec la même nonchalance qui fait mouche dans The Fable de Katsuhisa Minami, le héros est placide et révèle des capacités inattendues. On suit son parcours cocasse et les différents personnages tous plus étranges les uns que les autres qui gravitent autour de lui. Du divertissement comme on en fait peu : parfaitement huilé, mais aucunement formaté !

© Kengo Hanazawa / Kodansha Ltd. – Traduction : Ilan Brunelli