Une aventure de Jacques Gipar #5
En cette année 1954, Jacques Gipar, journaliste à France Enquêtes, et son compère Petit-Breton, se retrouvent à Marseille pour enquêter sur un mystérieux trafic de cigarettes, résultat du détournement d’un cargo deux ans plus tôt en Méditerranée. Qui a volé quoi ? Pourquoi ? En tout cas, la guerre des gangs fait déjà rage à l’ombre de la Bonne Mère…
Sur une trame ultra-classique et une intrigue pas folichonne rythmée par de longues courses-poursuites, le héros affronte obstacles, personnages louches, rencontres malheureuses, les péripéties succédant aux coups du sort sans que Gipar ne s’en étonne outre-mesure : « C’est quand même bizarre cette histoire »… On ne doute pas de l’amour que portent les auteurs aux années 1950, aux routes nationales et aux vieilles voitures. Mais plutôt que de captiver, la comédie policière provinciale, creuse, dissonante et déjà lue cent fois (en mieux), est souvent risible et soutenue par un suspense factice. Car elle enchaîne dialogues venus d’un autre temps, répliques improbables et rebondissements mous. Les personnages, eux, pas attachants pour un sou, sont quasi transparents. Résultat, Trafic sur la Grande Bleue, noyé dans ses références et figé dans une nostalgie assumée, ressemble au mieux à une imitation maladroite d’un récit du grand Tillieux. Le dessin, lui, rattrape un peu l’ensemble car plutôt agréable et maîtrisé, il accroche l’œil et allège une narration qui n’en avait pas besoin. Les nostalgiques de la BD de papa y trouveront donc sûrement leur compte. Mais (re)lire Gil Jourdan est peut-être encore la meilleure chose à faire.
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