Par Jef et Éric Corbeyran. Emmanuel Proust, 13,90 €, le 4 juin 2009.

Mélanger des événements historiques graves avec l’occulte et le surnaturel est un pari risqué. En effet, de nombreuses fictions ésotérico-historiques se sont cassées les dents sur l’autel du ridicule. Mais Une balle dans la tête prouve qu’un scénario privilégiant la suggestion et la nuance au spectaculaire peut tout faire passer.

L’Irlande du Nord, les années 70. Les tensions entre l’IRA et l’armée britannique sont de plus en plus fortes et le sang s’apprête à couler. Épaisse moustache et tête sur les épaules, Angus est un activiste modéré. Il tente d’éviter un massacre annoncé dans les rangs de son organisation, et flirte par ailleurs avec les anciennes croyances de la terre qui l’a vu naître. Et il porte de lourds secrets…

Ni fantastique, ni didactique, cette nouvelle BD du scénariste Éric Corbeyran (Le Chant des Stryges…) fascine par sa noirceur. Cherchant sa place dans un monde glacial, son anti-héros porte la folie des hommes et l’appétit des dieux sur ses épaules. Dans une atmosphère de polar, les autres personnages frisent l’archétype, mais sont suffisamment solides pour composer un tableau crédible et inquiétant d’une époque troublée. Le dessin réaliste chargé de noirs de Jef (L’Épée noire du Pentaskel) colle parfaitement à cette ambiance funèbre, comme un brouillard étouffant. Une excellente surprise.

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