Une case en moins
« La dépression, Michel-Ange et moi ». Voilà le sous-titre, étrange mais tellement bien trouvé, de cet épais témoignage graphique d’Ellen Forney, illustratrice exubérante et réputée outre-Atlantique. Un sous-titre qui résume effectivement la démarche de l’auteur : raconter sa dépression dans le détail, du diagnostic de ses troubles bipolaires aux multiples essais de dosages médicamenteux, de ses recherches sur les grands artistes dépressifs à son nouvel équilibre de vie, ses moments de frénésie et ses grandes phases de trouille.
Brillamment écrit et découpé, ce récit fleuve plonge le lecteur au coeur d’un sujet grave et difficile, sans toutefois le plomber totalement. Bien sûr, certains passages – la spirale de la chute par rapport au réel, l’implacable mécanique des traitements qui assomment, la déconnexion sociale – remuent les tripes et serrent le coeur. Mais d’autres sont franchement porteurs d’espoir et surtout l’exercice de style autobiographique est parfaitement maîtrisé. Elle Forney sait raconter, sait SE raconter, sans nombrilisme ni misérabilisme, totalement consciente de son statut d’auteur et de ses potentialités. Son trait fluide et d’un dynamisme rare, associé à des dessins tirés de ses carnets de ses années noires, permet aussi de s’accrocher aisément dans cette confession à livre ouvert, qui comporte tout de même quelques longueurs et un côté très américain dans la façon d’aborder les événements et les relations sociales. Mais il n’en demeure pas moins un ouvrage véritablement salutaire.
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