Une erreur de parcours
Alors qu’il démarre sa carrière de magistrat, Sylvestre Ruppert-Levansky enquête sur la disparition d’un homme. Et sur la possible culpabilité d’une de ses anciennes maîtresses, la fascinante et terrifiante Mathilde. Cheveux courts et blancs, visage sévère et émacié, classe naturelle et verbe acide, la potentielle tueuse en série (des membres de sa famille et des maris y sont déjà passés…) exerce sur lui une emprise puissante. De l’autre côté, chez lui, trop occupé à bâtir sa carrière naissante, Sylvestre ne voit pas son couple se déliter et sa belle fiancée lui filer entre les doigts. De quoi le rendre, lui aussi, fou…
Inspiré par des faits divers qu’il a couverts plus jeune, notamment l’affaire Simon Weber, Denis Robert développe ici un polar psychologique léché, très classique dans sa forme et ses thèmes. On suit d’une part l’enquête, les auditions, les relevés d’indices, les intuitions du juge et les preuves, jusqu’au procès. Et d’autre part, la vie intime de Sylvestre, qui n’existe en fait plus vraiment, grignotée par un travail trop prenant, qui l’a fait vieillir de 20 ans en quelques mois, lui lance sa future ex. L’ensemble est écrit avec sobriété et réalisme, bien rythmé et séquencé, même si le suspense se dilue au fil de quelques passages répétitifs. Surtout, au moment de la bifurcation décisive du récit, qui délaisse la toxique Mathilde pour se concentrer le jeune juge en perdition, ce n’est plus le suspense qui domine, mais la tension mortifère. Au dessin, Franck Biancarelli (qui avait déjà dessiné Le Circuit Mandelberg de Denis Robert) offre une peinture convaincante de la Province française, et des portraits crédibles de ce drame judiciaire, classique mais entêtant.
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