Une Étude en émeraude
Nouveau venu sur le marché bien concurrentiel du comics, Black River débarque les mains pleines de licences de jeux vidéo (Magic, Assassin’s Creed…). Mais dans son catalogue de lancement, on trouve aussi le plus lettré Une Étude en émeraude, adapté du prolifique Neil Gaiman.
Alors que l’oeuvre entière du Britannique semble en passe d’être portée sur nos écrans (après American Gods, nous arrive ces prochaines semaines une série The Sandman et bientôt Anansi Boys), il reste encore quelques textes de lui plus confidentiels à découvrir. Une Étude en émeraude est, comme son titre l’indique, un hommage à Conan Doyle et son Étude en rouge, mettant en scène Sherlock Holmes. Mais avec un twist de taille : dans l’Angleterre victorienne que Gaiman a choisi pour décor, l’humanité est à la botte d’une dynastie de dieux anciens issus des tréfonds de la Terre et directement puisés dans l’oeuvre du sulfureux H.P. Lovecraft. Concrètement : la reine Victoria, géniale idée, est un monstre tentaculaire. C’est d’ailleurs elle qui fait appel au célèbre locataire du 221B Baker Street pour enquêter sur le meurtre de son neveu.
Rien n’est décidément tel qu’il paraît dans cette intrigue à tiroirs dont on taira les rebondissements, et qui offre un beau terrain de jeu en bandes dessinées à Rafael Scavone et à Rafael Albuquerque (American Vampire). Tous deux jouent finement pour préserver les éléments de surprise. Et tirent le meilleur de ce cross-over très divertissant entre le mètre-étalon du whodunit et l’un des bestiaires les plus emblématiques de l’horreur. Dans le sillage de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires d’Alan Moore et Kevin O’Neill, la greffe entre ces deux imaginaires prend parfaitement.
Attention néanmoins, la nouvelle de Neil Gaiman fut à l’origine publiée dans un recueil à destination des sherlockiens chevronnés et le scénario est un plaisir d’initiés qui tient beaucoup sur le degré de familiarité avec la mythologie holmesienne. Familiarité heureusement élémentaire, mon cher Watson. Rien que ne saurait rattraper le lecteur novice avec l’aide du plus grand détective du XXIe siècle, Google, bien sûr.
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