Une maternité rouge
Au Mali, un jeune homme découvre une statuette très ancienne. Le sage du village lui confie la mission de la porter à Paris, à l’abri des djihadistes. À travers le Mali, la Libye, l’Italie puis la France, Alou emprunte le parcours des migrants dont il endure les souffrances.
Au Louvre, un conservateur passionné par « La Maternité rouge », la même œuvre que celle que transporte Alou, parle de son métier, de l’importance de conserver les œuvres et de l’histoire coloniale des collections françaises. Il sera là pour prendre en charge la précieuse statuette et l’introduire dans le circuit muséal français alors qu’Alou, libéré de sa tâche, se retrouvera seul avec ses souffrances.
Malgré une mise en œuvre d’une extrême sensibilité plastique, le récit de Christian Lax (L’Écureuil du Vel’ d’Hiv’, Pain d’alouette…) souffre de son ambition de dire. Dire le pillage des œuvres en Afrique, dire la violence des djihadistes, dire l’horreur que vivent les migrants, dire le travail scientifique des conservateurs du patrimoine. Bien que le scénario soit techniquement bien ficelé, le lecteur se sent téléguidé dans une histoire qui a ses passages obligés.
Par contre, on est émerveillé par la réalisation technique. Devant une grande planche de la savane la nuit, l’étendue en demi-teinte du désert, la teinte de la roche, l’envol d’un oiseau, le portrait d’un vieux à la peau tannée ou la danse du jeune chasseur de miel. Les planches à l’encre noire, lavis et rehausse de blanc sont des merveilles de précision et de lâcher prise. La lumière qui se lève sur la mer ou les montagnes semble nous toucher. Dans le dessin de Lax, les explosions font mal, le viol est insoutenable, l’émotion se transmet à travers une touche de noir, de lavis ou de blanc.
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