Une sardine à la mer
Financé en un temps record par une campagne KissKissBankBank, Une sardine à la mer, signé Guillaume Long (À boire et à manger), retrouve une seconde jeunesse. Outre les rééditions de Comme un poisson dans l’huile et Les Sardines sont cuites, l’opus de presque 200 pages est augmenté d’une histoire bonus, Extra-Ball. Tout un programme !
Récits de jeunesse autobiographiques, Comme un poisson dans l’huile et Les sardines sont cuites narrent au quotidien les aventures d’un étudiant des Beaux-Arts de Saint-Étienne (« une ville qui devait rester anonyme« ) : jeune sans le sou pourtant avide culture, il collectionne les boîtes de sardines, se confronte à Soulages et Marx Ernst et fait des virées au supermarché en compagnie de Rémi, son coloc’ et meilleur pote. Les deux compères tentent aussi de se fondre dans le moule d’une école où l’on apprend le Beau et la Perspective. Les profs vous encouragent (c’est nul ça!) et l’émulation est à son comble (« beaucoup d’étudiants avaient teint leurs cheveux en gris selon la tendance de l’hiver« ). Dans Extra-Ball, on fait le bilan. Une étrange maladie est passée par là et Guillaume Long est devenu un bédéaste respecté, lu par trois pleu-pleu… Une vie d’artiste avec un grand A, quoi, à Charleville-Mézières, avec une pizza, seul à table…
On a donc droit à une petite satire des écoles d’art bien sentie, piquante mais pas méchante. Et par certains aspects, en moins cynique et peut-être plus tendre, Une sardine à la mer nous a fait penser au film de Terry Zwigoff et Daniel Clowes, Art School Confidential, entre humour à froid et tendresse pour les personnages. L’humour pince-sans-rire, qui traverse d’ailleurs toutes ces histoires, permet de maintenir à bonne distance le récit autobiographique qui ne verse jamais dans les écueils du genre. C’est drôle, d’une sympathie mordante et même touchant, parfait pour décrire ces espiègleries dérisoires, ces aventures picaresques du quotidien. À l’image de ce dessin sobre, souple et fluide, qui donne un peu de rythme à ce gaufrier d’une rigueur d’horloger. Bref, les sardines n’ont jamais semblé aussi délicieuses !
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