Une soif légitime de vengeance #1
Un homme prend le bus pour se rendre en rase-campagne, non loin de Vancouver. Arrivé à destination à la nuit tombée, il frappe à la porte d’une villa. Pas de réponse. La porte est ouverte. Il a été devancé. À l’intérieur, le couple qui vit là a été torturé et assassiné. Horrifié, l’homme prend la fuite. Ses recherches sur le dark net pointent en direction d’une organisation criminelle secrète. À ce stade, il est déjà trop tard : tout le monde, police comme malfrats, est à ses trousses.
De Rick Remender, prolifique auteur de séries d’action-aventure sophistiquées au scope souvent très large (Black Science, Seven to eternity, Deadly Class…), on n’attendait pas récit aussi dépouillé. Un pur exercice de style qui respecte tous les codes du noir, genre par définition porté sur l’économie, mais poussé ici à son paroxysme. Du héros, on ne sait rien. Même pas la raison pour laquelle il entreprend ce voyage au départ, même si on le voit consulter un article de presse qui mentionne du trafic d’êtres humains… Remender nous épargne tout dialogue d’exposition lourdingue. Et quasi tout dialogue, même. Les mots sont rares, mais après tout, qui n’a pas déjà lu ou vu une histoire de tueurs à gages… Pas de temps à perdre et le dessinateur portugais André Lima Araujo fait un travail remarquable (servi par une superbe édition grand format proposée par Urban) pour rendre l’action toujours lisible dans des planches parfaitement découpées, d’une sobriété remarquable.
C’est percutant, brutal parfois même, et rafraichissant dans sa façon de refuser toute surenchère stylistique. Une soif légitime de vengeance est un peu l’anti-John Wick. Mais tout à leur efficacité, Remender et Araujo n’en oublient pas de soigner le suspense et de poser des enjeux pour une intrigue appelée à durer et probablement plus touffue que de premier abord. Grosse soif légitime de lire la suite, en ce qui nous concerne.
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