Les mangas sur la médecine n’ont jamais vraiment eu le vent en poupe en France : peu de titres ont réussi à percer, alors qu’il n’est pas rare de tomber sur une série qui fait preuve de pertinence par son approche ou son didactisme. Cette série de Mamare Arai sait non seulement tirer son épingle du jeu grâce à ces deux qualités, mais également via la mise en lumière d’un métier peu représenté dans le manga. Mettant de côté les médecins et leurs prouesses plus ou moins extraordinaires et vraisemblables, Unsung Cinderella laisse place aux pharmaciens et pharmaciennes hospitalières et aux études de cas crédibles et approfondies. De cette façon, on suit Midori Aoi qui travaille à l’hôpital et s’occupe de ses patients au quotidien. À l’occasion de l’exploration de la diversité des prises en charge, on découvre non seulement un travail particulièrement peu exposé, mais aussi tous les à-côtés et les réflexions de cette jeune pharmacienne.

Sous la supervision d’un conseiller spécialisé (Hiromitsu Tomino), Mamare Arai parvient à créer une série à la fois précise, complexe et totalement compréhensible. Si les termes médicaux, les posologies et les différentes maladies abondent, ils ne sont en aucun cas un frein aux novices en médecine. La mangaka se fait même pédagogue, présentant les spécificités de la fonction par rapport à celle qu’exercent les pharmaciens d’officine, le rôle de chacun, l’apport des pharmaciens hospitaliers dans l’accompagnement des malades, leurs relations avec eux et les autres intervenants de l’établissement… La série a aussi le mérite de questionner le métier, son approche, ses limites, sa complexité et son indispensabilité. Aussi, elle s’enquiert de réflexions importantes sur la santé, le dopage, la vaccination, la petite enfance… Plaçant au centre de ses analyses les patients et leurs particularités, elle profite de tous les prétextes pour donner une réponse médicale, mais également humaine au traitement de chacun. Rigoureux sans être assommant, bienveillant sans tomber dans la sensiblerie, ce manga convainc sans peine et sait porter les émotions sans esbroufe ni fioritures.

© MAMARE ARAI / COAMIX – Traduction : Camille Duret