Urielle **
Par Clarke et Denis Lapière. Soleil/Quadrants, 19 €, le 28 octobre 2009.
On sait que l’Église n’a jamais vu d’un bon oeil l’indépendance des femmes, ni leur prise d’initiative. Alors, imaginez ce qu’elle pourrait bien penser d’une communauté féminine vénérant Dieu, selon un culte pourtant bien classique, mais hors de toute hiérarchie ecclésiastique, et surtout sans autorité masculine au-dessus d’elle. Et si en plus, ces femmes croyantes mais libres se mettent en tête de traduire les textes saints dans la langue courante, il en faut peu pour les faire passer pour hérétiques…
C’est à un sujet original auquel s’est attelé le talentueux Denis Lapière (Amato, Ludo, L’Impertinence d’un été…): les béguinages, ces communautés de femmes seules souhaitant dédier leur vie à la religion mais n’ayant rejoint aucun ordre. Le scénariste joue la carte d’un huis-clos aux accents fantastiques, dans une campagne européenne enneigée et propice au mysticisme. Au crayon, on découvre un Clarke loin de ses registres habituels, que sont l’humour (Mister President, Histoires à lunettes) ou la BD jeunesse (Mélusine). Et il s’en sort plutôt pas mal, sauf peut-être pour les visages féminins, souvent trop peu expressifs (et pas assez féminins d’ailleurs…). Mais le plus gros défaut de ce one-shot est justement d’être un one-shot. La tension installée au début s’étiole à mesure que l’intrigue avance vers sa chute, spectaculaire mais trop brutale pour qu’on y croit vraiment. On aurait aimé un peu plus de suspense et de mystère, et sans doute que deux volumes – même plus courts – y auraient réussi.
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