Valentine : sa vie est tout à fait pitoyable !
Elle est sous antidépresseurs, avoue «deux ans d’expérience en célibat», et aurait sûrement eu le bac avec mention «surdouée» si elle avait pu suivre une filière «histoire option ragotage» au lycée. Personnage drolatique à la vie catastrophique, dont les mésaventures sont parsemées de fausses couvertures ou de pages de magazines féminins, Valentine vit sa quatrième aventure sous les crayons d’Anne Guillard, jeune illustratrice de 27 ans.
Comment est née Valentine ?
Je vous sais gré de ne pas me demander si Valentine, c’est moi. C’est ainsi que commencent toutes les interviews ! Cette bande dessinée est partie tout bêtement de l’envie de parler d’épilation. À l’époque, j’avais beaucoup de conversations ridicules sur ce thème avec mes copines. J’ai créé une héroïne dépressive pour justifier le fait qu’elle passe tout ce temps chez elle à se débarrasser de ses poils.
Avez-vous réussi facilement à vous faire éditer ?
Comme je suis un peu stressée de nature, j’avais quasiment réalisé toute la BD avant de faire le tour des maisons d’édition parisiennes. Le soir même, Albin Michel me rappelait. J’étais ravie, mais j’ai rapidement déchanté : l’éditeur aimait mes dessins, mais pas vraiment le côté « parodie de magazine » inséré ici et là. Il fallait selon lui être déjà connu pour pouvoir imposer ce style. Or je tenais à ce concept. Casterman m’avait fixé un rendez-vous, mais voulait transformer les gags en histoire continue. Je me suis obstinée, et suis allée à une rencontre entre jeunes auteurs et éditeurs, organisée par Vents d’Ouest – qui avait perdu mon dossier, ce que je n’ai su que plus tard ! Finalement, ils ont publié mon album, que j’ai dû redessiner en format A4 et en couleurs (il était à la base en A5 et en noir et blanc).
Bon, mais quand même, Valentine, c’est vous ?
Non ! Même si, comme elle, j’aime bien le Nutella, je ne suis ni dépressive, ni célibataire, ni obsédée par l’épilation. Par contre, je me suis inspirée de choses qui ont pu arriver à mes amies. Comme pour ce passage où l’on croit que Valentine est enceinte… Je la trouve plus attachante quand elle a des ennuis. Et, en dédicace, les lectrices affirment se retrouver en elle. Beaucoup semblent s’épiler en regardant la télé, comme elle !
Quelles sont vos influences graphiques ?
J’aime bien la série télé animée Daria, dont l’héroïne pince-sans-rire tire toujours la tronche. Et je suis particulièrement fan de l’œuvre de Ptiluc. D’ailleurs, Valentine découle directement des Rat’s : si vous regardez bien, elle se tient comme eux, je leur ai emprunté leur cou et cette attitude voûtée.
Vous voyez-vous faire autre chose que de la BD d’humour ?
Non. Les « vraies » bandes dessinées réalistes demandent un investissement trop lourd, et j’ai besoin que ça reste léger.
Propos recueillis par Laurence Le Saux
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Valentine #4 Par Anne Guillard.
Vents d’Ouest, 9,40 €, le 22 octobre.
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