Vampyre #1
Réédition d’un titre épuisé depuis des années, Vampyre est un diptyque initialement paru en 2006. Il marquait les débuts de l’éditeur français Le Lézard noir et son engagement envers la publication des œuvres underground, Suehiro Maruo en tête. Car si l’auteur fait à présent partie du paysage manga en France, c’est indubitablement grâce au travail de défricheur et à la passion qu’a l’éditeur Stéphane Duval pour cet auteur.
Ici fantasmé à l’extrême et jamais édulcoré par obligation ou facilité, Vampyre y va franchement. On observe les transformations de jeunes devenus vampires. Leurs comportements sont radicaux et leurs agissements ne laissent aucune place à la bienséance. Thème éculé s’il en est, celui des vampires laisse souvent autant place à la fascination qu’à des visions aussi mornes que stéréotypées. Ce premier tome montre, comme dans le récent Happiness, que le thème peut être transcendé et aller bien plus loin que nous le laissent entendre nombre de copycats.
Ce premier tome est violent et a son lot de scènes trashs, enragées et dérangeantes. Du reste, il reste bien plus accessible que les autres titres du maître de l’ero-guro (érotico-grotesque) et emballera les amateurs de sensations fortes. Moins gratuit, il offre peut-être même l’entrée la plus évidente à son univers. La violence et le climat extrêmes collent à la peau de ces êtres découvrant leurs nouvelle condition de vampire. Le rythme est rapide, ce qui est peu habituel chez le mangaka. Cette frénésie fonctionne en adéquation avec l’ambition cinématique que s’évertue à inoculer le mangaka dans ses mises en page et autres différentes audaces graphiques.
De fait, en dehors de la narration terriblement prenante, il est important de parler du dessin de Suehiro Maruo sur cette œuvre. D’une esthétique sublime, Vampyre a un graphisme funèbre qui fascine. L’auteur utilise à plusieurs reprises des cases empreintes de futurisme illustrant étrangement l’intensité et le mouvement de certaines scènes. Réalistes, froides et sanguinaires, les planches éblouissent par leur composition et leur contraste. Bien que 20 années se soient écoulées depuis leur première publication, on les découvre et décortique avec régal.
WARAU KYUKETSUKI © SUEHIRO MARUO 2000 – Traduction : Miyako Slocombe
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