Vanité
Eminent membre de l’OuBaPo (ouvroir de bande dessinée potentielle, calqué sur l’OuLiPo), Etienne Lécroart aime jongler avec les concepts, les mots, les lettres, les cases ou encore les dessins. Dans Vanité, il se livre à un exercice de style tout sauf vain. La couverture de ce petit ouvrage évoque le tableau noir, mat, d’une classe, à peine parcouru d’un bonhomme qui semble dessiné à la craie.
A l’aide d’un dispositif simple (quatre dessins au décor minimal par page, un personnage récurrent cerné de noir, une couleur marron appliquée au crayon en arrière-plan), il liste les « dernières fois » qui lui tiennent à coeur. « La dernière fois que je serai ému par l’aube », « la dernière fois que je rentrerai au chaud », « la dernière fois que j’oublierai que je danse », « la dernière fois que je trouverai le trait juste », « la dernière fois que je serai fier de ma fille »… C’est un autoportrait tendre et pudique qu’il trace, à la fois très intime et universel.
Avec une grande sobriété, l’auteur s’inscrit à la suite des peintres classiques qui se sont essayés à la vanité. Représentant gracieusement, avec âme, le passage du temps, le regret de la vie que l’on quittera forcément, un jour. Et surprenant son lecteur, ému, avec une composition graphique virtuose en toute fin d’album.
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Etienne Lecroart est membre de L’Oulipo en plus d’être chef de fil de l’Oubapo. Rendons à César…
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