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Varto

4 mai 2015 |
SERIE
Varto
ALBUM
Varto
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
20 €
DATE DE SORTIE
01/04/2015
EAN
B00QJSE9K4
Achat :

1915, Varto et Maryam sont deux enfants arméniens dans la tourmente, celle du génocide de leur peuple. L’histoire commence lorsqu’un homme turc sur son lit de mort confie à son jeune fils, Hassan, la mission de les mettre en lieu sûr, au nom de l’amitié qui le lie à leur père. Commence un périple à travers un empire Ottoman à bout de souffle, dont le peuple majoritaire, les Turcs, se lance dans une entreprise génocidaire envers la minorité arménienne. Dans des paysages anatoliens perçus comme désertiques et montagneux, les trois enfants affrontent soldats, chiens affamés et figures fantomatiques de survivants.

varto_image1Gorune Aprikian et Jean-Blaise Djian livrent un récit, sur fond de tragédie historique, dont l’ambition se veut celle d’un message positif et universel. Un double suspense tient le lecteur en haleine. Celui du parcours de Varto, Maryam et Hassan. Et celui des descendants de Varto et Maryam, de nos jours, qu’ils aient grandi en Turquie ou en Occident. Et si les exactions (meurtres, viols…) sont abordées, les moments de solidarité et les enjeux mémoriels constituent également une force dans cet ouvrage, dessinant ainsi un tableau complexe, évitant par là tout pathos inutile et renforçant l’émotion suscité par le sort des enfants. À peine peut-on s’interroger sur la nécessité de la relation avec le jeune Turc, Hassan. Bien sûr, chaque génocide comporte ses Justes, mais le désir de rapprochement et d’apaisement ne donnent-ils pas un petit côté artificiel à cette relation ? Point de cynisme, le personnage d’Hassan possède ses ambigüités, et les auteurs ne tombent pas dans la facilité.

Stéphane Torossian, peintre de formation, utilise ses pinceaux avec force et émotion, dans des dilués de noirs toujours intenses. C’est l’œuvre d’un grand artiste : sa peinture sied aussi bien aux paysages arides balayés par le vent qu’aux visages creusés des protagonistes. Alternant douceur et violence, son trait traduit le désir de réconciliation malgré la violence du propos. Ayant choisi sciemment de dépeindre l’Anatolie de manière désertique (alors que la région est plutôt verte), il souhaite mettre l’accent sur la tourmente qui accompagne les personnages. Les scènes d’exactions sont à la fois traduites sans faux-semblants mais sans complaisance du trait. Le désarroi des visages des deux enfants suffit.

Le 24 avril 2015, le centenaire du génocide arménien a été commémoré. Le sujet reste toujours tabou, en particulier en Turquie où les militants des droits de l’homme encourent des peines de 10 ans de prison lorsqu’ils emploient le terme de « génocide » pour évoquer ces massacres. Par ailleurs, et pour approfondir le sujet, Mikaël Nichanian, conservateur des collections arméniennes à la BNF, vient de publier aux PUF, Détruire les Arméniens, histoire d’un génocide, à conseiller à ceux dont les très bons feuillets historiques de Varto, en fin d’ouvrage auraient donné envie d’en savoir plus.

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