Victor & Clint
Victor est ce genre d’adolescent un peu à la marge, doux rêveur, solitaire, avec une imagination foisonnante et une touche d’innocence qui lui permettent de garder un pied dans le monde de l’enfance, univers qu’il n’est pas vraiment pressé de quitter pour rejoindre celui, beaucoup plus austère, des adultes. Quand Victor attrape son chapeau de cow-boy, le voilà transporté dans les grands espaces, à jouer les caïds au beau milieu du Far West, sous les traits du redoutable Clint. Il est d’ailleurs prêt à en découdre avec les jumeaux Ringo, deux frangins avec qui il a des affaires à régler et notamment une monture, Colonel Banjo, à récupérer. Pour ça, il va pouvoir compter sur l’aide et l’expérience de Willy Brown, une vielle canaille comme on n’en trouve plus de nos jours. Maintenant que le décor est planté, place à l’action ! Ça risque de sentir la poudre !
Avec cet album qui fait la part belle à la fois à l’aventure et aux voyages introspectifs, Marion Duclos nous fait entrer dans les méandres de l’adolescence, période trouble de toute vie, de découverte de soi et de ses contradictions, avec pour fil rouge une délicate recherche de repères. Bien confortablement logé dans l’imaginaire de Victor, le lecteur est emporté dans un récit haletant qui dévoile au fil des pages une sensibilité étonnante. En basculant constamment entre le réel et le monde imaginé par le jeune adolescent, on perd rapidement pied et on s’installe dans un entre-deux qui donne libre cours aux évocations les plus larges. Solitude, marginalité, intégration, décès sont autant de sujets qui sont abordés avec finesse. Cet ouvrage convainc également grâce au rythme soutenu imposé par un découpage efficace et par la fraîcheur et la souplesse d’un dessin qui ne cache pas des influences parfaitement assumées et maîtrisées. Cet album, que l’on rangerait aux premiers abords au rayon jeunesse, surprendra plus d’un lecteur aguerri. À vous de vous laisser embarquer par ce brillant western imaginaire.
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