Vies volées
Depuis 1977, les grands-mères de la place de Mai défilent chaque semaine à Buenos Aires, réclamant le retour de leurs petits-enfants enlevés sous la dictature et placés dans des familles proches du pouvoir. Vingt ans plus tard et grâce à l’avancée des lois et des analyses ADN, l’identification de ces « adoptés » devient plus facile. C’est dans ce contexte que Mario, qui entretient de sérieux doutes sur sa filiation, décide de faire un test pour tirer au clair la question de ses origines.
Matz (Le Travailleur de la nuit, Tango) s’attaque à un aspect particulièrement tragique de la dictature militaire en Argentine et à ses implications pour les descendants des desaparecidos. Il imagine pour cela le personnage fictif de Mario, que la quête d’identité va mener à des révélations qui auront des répercussions sur son entourage, notamment sur son meilleur ami Santiago. L’auteur choisit de prendre son temps avec l’histoire et reste sobre dans la façon dont il aborde le sujet des enfants volés. On aurait aimé toutefois s’attarder davantage sur le mouvement des grands-mères que sur certaines grosses ficelles narratives, notamment les romances des deux protagonistes et l’épilogue qui en fait un poil trop.
Heureusement, la dessinatrice Mayalen Goust (Les Colombes du Roi-Soleil, Kamarades) offre à l’album une touche de charme, grâce à son trait élégant et ses couleurs pastel, agrémentés de textures crayonnées à l’effet visuel très plaisant. Il en résulteuUne bande dessinée qui traite avec douceur d’une thématique pas forcément connue de tous de notre côté de l’Atlantique. La page n’est en tout cas toujours pas tournée en Argentine, où les grands-mères, infatigables, continuent leur combat pour la vérité.
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