Vincent Perriot, le braqueur de Belleville
Dans Belleville Story, il raconte avec le scénariste Arnaud Malherbe (son complice de Taïga rouge) la descente aux enfers – ou rédemption future ? – de Freddy la crapule. A 26 ans, Vincent Perriot confirme l’étendue de son talent de dessinateur. L’auteur de Entre Deux livre un polar urbain nerveux et fort, dont la seconde partie devrait sortir rapidement, fin 2010 ou début 2011.
Qui est Freddy, le héros de ce diptyque ?
C’est un méchant, mais ridicule, malmené par les exigences de son existence. D’origine polonaise, cet homme est cruel, un peu con, fonce tête baissée. La cible qu’il est censé tuer, Monsieur Zhu, va le sortir de son monde, lui ouvrir les yeux sur sa propre bêtise. Je les ai aimés au quart de tour, lui et ses failles. Il me ressemble un peu, il aime comme moi « bouffer » la vie. Son caractère contrasté se retrouve un peu dans son physique : c’est un mec blond assez sec, au regard acéré et cerné, aux joues creuses ; pourtant, son visage paraît rond, et son nez est assez gros.
Belleville est-il un quartier qui vous fascine ?
Oui, depuis longtemps. En 2008, je me suis installé à Paris pendant une dizaine de moist, et je fréquentais naturellement cet endroit. J’aime son atmosphère cosmopolite, ses petits bars planqués, le bourdonnement des gens paumés ou des commerçants. On dirait un monde parallèle…
Comment avez-vous travaillé avec le scénariste Arnaud Maherbe ?
Belleville Story n’est pas une adaptation de son téléfilm du même nom, diffusé ce printemps sur Arte. Et pour cause : je ne l’ai pas encore vu, pour ne pas me laisser influencer ! Après le premier épisode de Taïga rouge – le suivant n’est pas encore écrit… -, Arnaud et moi nous sommes retrouvés autour d’un café. Il m’a « pitché » la première scène du film qu’il était en train d’écrire à l’époque : « Imagine deux mecs dans une camionnette, ils se jaugent, la nuit, en tournant sur le périph’. Un camion débarque avec des gangsters méchants, type hip-hop. Et l’échange tourne mal. » Tout de suite, sa description a éveillé en moi des images. Je lui ai demandé de m’envoyer le scénario quand il l’aurait terminé. Plus tard, en le lisant, je sentais chaque scène, chaque personnage. J’ai attaqué la réalisation de l’album en 2009.
Arnaud Malherbe s’en est-il mêlé ?
Comme il travaillait en même temps sur le téléfilm, il lui paraissait difficile de suivre deux versions d’un même projet. Alors, nous les avons menées séparément. Nous avons discuté pour avoir une vision commune de l’histoire et des protagonistes, puis j’ai œuvré de mon côté. Je me suis occupé du découpage, des recherches graphiques.
Vous êtes-vous documenté sur cette partie particulière la capitale ?
Non, j’ai préféré me fier à mes yeux et faire ma petite tambouille. Je me suis rendu à Belleville à plusieurs reprises, un carnet de croquis et un appareil photo à la main. J’ai dessiné les coins de rue, les poteaux, les arbres, les rues étroites, la lumière des néons, les voitures qui passent… Arnaud Malherbe m’avait parlé du « marché aux voleurs », où l’on trouve des clandestins de tous âges, dont certains m’ont raconté leur histoire. Mais je n’ai pas eu le droit de les croquer, certains se méfiaient et craignaient que je sois un indic.
Quel atmosphère graphique souhaitiez-vous créer ?
J’ai cherché à avoir un trait vif, énergique, qui dégage de l’électricité. Je m’orientais vers le ton sale et urbain de romanciers comme William Burroughs, Charles Bukowski ou Hubert Selby Jr. J’ai eu du mal à le trouver, j’ai dû refaire les trente premières planches. Je m’étais perdu dans le dessin, plombé par une profusion de détails. J’ai dû épurer et fluidifier le tout, et là ça fonctionnait comme je le souhaitais.
Quels sont vos projets?
J’ai commencé le second tome de Belleville Story, qui verra Freddy comprendre certaines choses et évoluer. Je travaille en même temps sur La Femme, l’enfant et l’idiot, un album que je prépare seul pour les éditions de La Cerise. Ce sera un long récit en noir et blanc, une espèce de polar aérien, un road-trip entre ville et campagne…
Propos recueillis par Laurence Le Saux
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Belleville Story #1.
Par Vincent Perriot et Arnaud Malherbe.
Dargaud, 15,50€, le 18 juin 2010.
Images © Dargaud – Vincent Perriot – Arnaud Malherbe.
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Force est de constater que ce Vincent Perriot a une très belle moustache !!!
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Force est de constater que ce Vincent Perriot a une très belle moustache !!!
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Blain n’a pas fini de se faire pomper par des maladroits. Pffff encore du déja vu, en moins bien.
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Blain n’a pas fini de se faire pomper par des maladroits. Pffff encore du déja vu, en moins bien.
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Magnifique ambiance dans cet album. Une très bonne découverte, une histoire prenante et superbement rythmée. Le dessin rend très bien l’atmosphère angoissante et lourde de la ville des bas quartiers. Bravo, ça fait longtemps que je n’avais pas lu un bon album !
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Magnifique ambiance dans cet album. Une très bonne découverte, une histoire prenante et superbement rythmée. Le dessin rend très bien l’atmosphère angoissante et lourde de la ville des bas quartiers. Bravo, ça fait longtemps que je n’avais pas lu un bon album !
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Sûr que c’est pas en lisant un des tiens que tu risques de lire un bon album Gally.
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Sûr que c’est pas en lisant un des tiens que tu risques de lire un bon album Gally.
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@ Tex : Merci d’éviter l’agressivité gratuite et les attaques personnelles, afin que chacun puisse s’exprimer librement.
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@ Tex : Merci d’éviter l’agressivité gratuite et les attaques personnelles, afin que chacun puisse s’exprimer librement.
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Si on peut plus rigoler!!!
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Si on peut plus rigoler!!!
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Ahah c’est vrai qu’on se marre bien avec les trolls !
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Ahah c’est vrai qu’on se marre bien avec les trolls !
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Encore un commentaire (celui de 20h49) que je n’ai pas rédigé. Je commence à saturer de ces usurpations d’identité. il suffit de comparer les IP. Messieurs de Bodoi, au boulot!
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Encore un commentaire (celui de 20h49) que je n’ai pas rédigé. Je commence à saturer de ces usurpations d’identité. il suffit de comparer les IP. Messieurs de Bodoi, au boulot!
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Tu es repéré Franciiiiiiiiiiiis Pincemi, c’est pas beau de faire ça!!!!
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Tu es repéré Franciiiiiiiiiiiis Pincemi, c’est pas beau de faire ça!!!!
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Peut être que Tex est jaloux de la moustache de ce beau monsieur…
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Peut être que Tex est jaloux de la moustache de ce beau monsieur…
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Vous pouvez trouver un article sur l’exposition des planches de clafoutis 4 à la librairie super héros sur http://blog.paris3e.fr/post/2011/04/21/Super-Heros-Vincent-Perriot-Gabriel-Schemoul-Guillaume-Trouillard-et-David-B.
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Vous pouvez trouver un article sur l’exposition des planches de clafoutis 4 à la librairie super héros sur http://blog.paris3e.fr/post/2011/04/21/Super-Heros-Vincent-Perriot-Gabriel-Schemoul-Guillaume-Trouillard-et-David-B.
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