Violette Nozière, vilaine chérie
Fameux fait divers criminel des années 1930, filmé par Claude Chabrol en 1978 avec Isabelle Huppert, l’histoire de Violette Nozières trouve ici un élégant et intéressant écrin dans sa transposition en bande dessinée. À tout juste 18 ans, Violette rêve d’une vie de lumière et de luxe. Mais elle est fille de cheminot et, même si ses parents la choient, elle ne peut accéder à ses désirs. Sauf si elle ment et si elle vend son corps… Avec son sourire charmeur, ses jolies courbes et son bagout hors norme, elle embobine aisément le bourgeois. Mais c’est l’engrenage, et sa soif d’argent va la conduire à commettre le pire…
Plutôt que de conter l’histoire sous l’angle de l’enquête policière, Eddy Simon (fondateur du fanzine Sapristi) choisit de coller au plus près des pas de son héroïne, pour brosser le portrait troublant d’une jeune femme mal dans sa peau. Troublant, car il est à la fois effrayant et tendre. En effet, Violette se dévoile d’abord comme une jeune fille pétulante et enthousiaste, encore enfantine dans sa vision naïve de la vie; puis, elle devient une mythomane perverse, voleuse et violente. Psychotique, Violette? Ou tout simplement inconsciente? Difficile de se faire une opinion tranchée, et c’est bien là la force de cet album, par ailleurs plutôt classique dans sa forme. On découvre aussi Camille Benyamina, une jeune illustratrice talentueuse qui réalise là sa première bande dessinée, dans un semi-réalisme immédiatement séduisant, grâce à son mouvement naturel, ses effets de crayonnés chaleureux et ses couleurs bien choisies. Un bel album moderne qui remet au goût du jour une histoire criminelle a priori un peu datée.
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