Visages #1-4
Sous-titrée « Ceux que nous sommes », cette grande saga entre la Première et la Seconde Guerres mondiales explore la notion d’identité et d’humanité à travers plusieurs personnages tiraillés entre leurs convictions, leur terre natale, leurs sentiments, leur engagement. Au centre de l’histoire, un artiste breton qui tombe amoureux d’une photographe allemande dans une église en ruine à l’écart des tranchées. Cette dernière, seule, abandonnera leur enfant. Qui grandira, deviendra tireur d’élite chez les nazis, cherchera l’identité de ses parents, tombera amoureux d’une Irlandaise luttant contre l’Empire britannique… Et encore, on vous passe le cousin alsacien, engagé côté français puis arrêté et contraints de servir côté allemand…
Sur quatre tomes, cette fresque familiale dans un décor historique précis et documenté se révèle foisonnante, tant dans les événements qui s’enchaînent que dans la multiplication des personnages qui évoluent au fil des tomes et des années. Et c’est une prouesse scénaristique qui se joue là : malgré le nombre de protagonistes, de lieux, les allers-retours dans l’Europe et le temps, on n’est jamais perdu et jamais ennuyé. Cette narration tambour battant permet donc de traverser les années et théâtre de guerres dans un niveau d’émotions et d’adrénaline toujours élevé, sans perdre le fil ni les intentions de chacune et chacun. Revers de la médaille, les grands événements des années 1939-45 sont alignés en toile de fond et perdent parfois en force, et pourront même paraître un peu obscurs pour les plus jeunes ou ceux qui ont un peu oublié leurs cours d’Histoire. De plus, il faut aussi accepter l’aspect extraordinaire XXL des destins de tous les personnages qui se croisent, mais la puissance romanesque de l’ensemble suffit à emporter, ainsi que le dessin réaliste d’Aurélien Morinière, assez à l’aise dans ses textures, ombres et teintes pour créer des ambiances convaincantes. Surtout, l’ambition de départ d’interroger l’humanité des femmes et des hommes, par-delà les frontières, les religions, les opinions, les classes sociales, est respectée et tout à fait judicieuse, bien renforcée par des dossiers documentaire à chaque fin de tome. Le pari était osé, le dispositif complexe, mais la promesse est tenue.
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