Vive la marée
Partir à la plage, en vacances, avec David Prudhomme (La Traversée du Louvre) et Pascal Rabaté (Les Petits Ruisseaux) ? Une offre alléchante, qu’on ne saurait rater. Direction donc Polovos plage — avec tout ce que ça suppose de bouchons, d’attente à la station service pour désaltérer la voiture, de chansons bêtas des enfants à l’arrière, de griserie en roulant en décapotable, les cheveux au vent… Sur place, il s’agit de ne pas traîner, d’éviter « le troupeau », de rester « groupés » — sans céder à la tentation de la bouée crocodile —, de décider si l’on veut se dénuder (« seins nus ? pas seins nus ? »), de prendre un maximum de crevettes dans son filet, d’envoyer des cailloux au chien encore plus loin dans l’eau…
Au gré de ces anecdotes à la Tati, l’été s’écoule doucement, joliment. L’ambiance ainsi créée est légère et agréable, les gags délicats et amusants. On se délecte d’un trait à quatre mains gracieux, de pages subtilement colorées, à la construction étudiée, peuplées de cases aux angles de vue parfois surprenants. Graphiquement, il n’y a rien à redire, ce travail commun est une réussite. D’où vient alors, qu’au fil des pages, une sensation de vide s’installe ? Au parti-pris de ne favoriser aucun personnage, de multiplier les héros sans les creuser vraiment, en se passant d’un solide fil narratif ? On referme Vive la marée ! avec un sentiment de ravissement mêlé de frustration : charmante, élégante et taquine, la balade balnéaire se révèle malheureusement un peu vaine.
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