Vives Voix
Présenté dans un format poche, Vives Voix de l’auteur suisse Baladi (Renégat), narre les errances de Benny Adam, abattu et inconsolable depuis sa rupture avec l’être aimé. Il s’interroge, souffre, délire ou cauchemarde pour repartir de l’avant les pages suivantes, propulsé un peu par hasard étendard de la révolution en marche. Fantasme ou réalité ? Qu’importe, Baladi, avec son style graphique si particulier, y aborde la dépression amoureuse, l’absurdité de la vie et ses rebondissements inattendus, moins pour les creuser que pour les mettre au service d’une recherche formelle débridée.
La réussite tient alors surtout dans l’enchaînement de séquences sans lien évident, l’auteur passant du coq à l’âne avec une insolente facilité, jouant sur les formes et les apparences, déformant les bulles, s’amusant à créer des avatars mouvants, telle cette larme torsadée perméable à toutes les humeurs. Et si l’ensemble, léger et sans prétention, ne convainc pas de bout en bout car la narration égare parfois, Baladi, dès qu’il prend le temps, trouve l’air de rien une étonnante profondeur, captant avec justesse l’essence d’une pensée ou d’un sentiment. Avec un joli final façon Beckett, moins fatal qu’interrogateur, écho touchant des mésaventures de Benny. Malgré un résultat inégal, louable par son ambition formelle, les Vives Voix de Baladi, désespérées, entichées ou révoltées, font tout de même agréablement résonner leur petite musique.
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