Par Siris. La Pastèque, 22 €, janvier 2011.

Il y a des adultes qui ne sont pas prêts à élever des enfants. Et pourtant, ce sont les leurs, comment peut-on leur retirer ? C’est la question que pose ce premier tome de Vogue la valise, dans lequel Siris évoque son enfance. Petit dernier d’une famille déchirée, ici représenté par un petit poussin baptisé La Poule, lui et ses frères et soeurs sont baladés d’institutions en familles d’accueil, car leur père est un incapable alcoolique et la mère ne s’en sort pas avec cinq enfants à charge…

Attention, on n’est pas ici dans un récit larmoyant et étouffant d’émotions. Non, même si la fin de ce premier volume est assez bouleversante, Siris réussit à tenir tout au long de ces 122 pages une note de poésie, notamment grâce à un dessin extrêmement expressif. La première partie, l’histoire de son père et de la rencontre entre ses parents, est ainsi traitée sur un mode cocasse et fantaisiste. La suite se fait plus réaliste et triste. Bien que salutaire, ce double-ton est aussi le principal défaut de cet album sincère et enthousiaste : en effet, on ne sait pas trop sur quel pied danser, on rit des frasques du mari ivrogne, mais on ne supporte pas le père irresponsable. Résultat, on perd un peu le fil au milieu de l’album, car le personnage principal (la Poule) n’est toujours pas arrivé. La dernière partie, plus sobre et plus émouvante aussi, relance l’intérêt. Et donne envie de connaître la suite.

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