Vois comme ton ombre s’allonge
« Si l’homme de dix-huit ans se réveillait d’un coup, une nuit. Et dans le miroir se voyait (par magie) par malédiction avec le visage et la peau de ses futurs cinquante ans, (il mourrait) il vomirait. »
Dès les premières pages de Vois comme ton ombre s’allonge, Gipi donne la mesure du séisme qui secoue son héros — qui semble très inspiré de lui-même. C’est la crise d’un quinquagénaire qu’il décrit là. Avec maestria, l’Italien (auteur notamment de Notes pour une histoire de guerre ou Ma vie mal dessinée) raconte le sol qui s’ouvre et vous engloutit, la panne d’inspiration d’un écrivain qui ne trouve plus d’histoires à partager, l’obsession qui jaillit — pour un arbre et une station-service —, occupe tout l’espace.
Passant du trait à l’aquarelle, du présent au passé, il balade son lecteur d’une émotion à une autre, caresse une cause possible (une fille distante, une ex épouse), creuse un bel onirisme. Son trait fin et fort accompagne cette réflexion sur la dépression. Donnant chair à un récit subtil, dont le léger parfum neurasthénique plane longtemps après sa lecture.
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