Vorax **
Par Gabriel Delmas et David Calvo. Soleil/Quadrants, 15 €, le 27 janvier 2010.
Sorte de lémurien velu, Vorax grandit sous l’oeil autoritaire d’un père tout puissant et omniscient. Ce dernier, Kranax, sorte de dieu ultime régnant sur l’univers, veut que son rejeton devienne grand, fort et carnivore – afin d’accomplir un mystérieux et immense dessein. Et même si Vorax présente des caractères un peu trop féminins, père et fils s’aiment d’un amour infini. Mais jusqu’où ?
Voilà un album halluciné et hallucinant. Dans un monde onirico-préhistorique, on voit évoluer cette drôle de bestiole qu’est Vorax, tel un Adam rose dans un Eden plein de dinosaures, écoutant gentiment la voix de dieu-son-père. Jusqu’à devenir un géant rempli d’une envie d’aimer et d’être aimé incontrôlable. Cet itinéraire métaphorique et psychédélique, porté par les voix off de différents personnages, a un puissant côté hypnotique. Le lecteur, s’il ne veut pas rester au bord du chemin, devra ainsi se soumettre totalement à ce récit exigent et souvent hermétique. S’il se fait happer par les images fascinantes de Gabriel Delmas (inspirées dans les dernières pages par la peinture de Francis Bacon) et la logorrhée déversée par David Calvo, alors il se pourrait qu’il fasse un voyage inoubliable. Si ce n’est pas le cas, il est probable qu’il aura fermé le livre avant la fin.
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