Dans Naphtaline, l’album qui l’a révélée en France, Sole Otero brodait une histoire autour de la maison d’une défunte qui finissait par révéler le passé cette grand-mère à sa petite fille. Un récit bouleversant fait de migration, de violences conjugales, de secrets de famille, le tout dans une fresque habilement menée avec un zeste de fantastique. L’autrice argentine confirme avec ce nouveau one-shot ambitieux, qui embrasse certains thèmes communs, notamment la parole féministe.

Autour d’une famille de sorcières, neuf histoires dans des temporalités différentes (de l’époque coloniale à nos jours) s’enchaînent, et finalement s’entremêlent, dans ce long album qui emprunte avec bonheur à différents genres. Nouvelle gothique, comédie de quadras, récit épistolaire, fable horrifique, Sole Otero semble à l’aise dans tous les styles, et adapte justement sa mise en page et son graphisme à chacun, tout en conservant une belle cohérence. Sa ligne fluide et sa mise en scène inventive suscitent tantôt l’effroi, tantôt le rire, avec la même réussite, ce qui est tout à fait brillant dans un projet d’une telle ampleur, doté d’un profond propos. Car autour d’une histoire de sorcières qu’on pensait avoir mille fois lue, Sole Otero propose une expérience de lecture ludique et intelligente, jouant avec les poncifs comme avec les codes de la BD. Emballant !