Walking Dead #33
A Angoulême en 2015, on avait posé la question au dessinateur de The Walking Dead, Charlie Adlard : la série s’arrêtera-t-elle un jour ? Partant du principe qu’une bonne histoire a un début et une fin. Succès inattendu, adapté à la télé et en jeu vidéo, The Walking Dead fut LA série comics de ce début de XXIe siècle, prenant au dépourvu éditeurs et lecteurs. Oui, un monde s’en va, une page se tourne au bout de 33 volumes de cette saga de zombies où l’on ne sait plus qui sont les vivants et les morts, ni où se situe la morale. De quoi est capable l’homme en proie à la survie, privé d’attache et d’horizon?
Si la série a logiquement connu des coups de mou, elle a su comme aucune maintenir le cap et ses ambitions intactes. Des rebondissements à gogo bien sentis, de l’émotion, des morts, des retrouvailles et des personnages forts : Rick Grimes, son fils Carl, Maggie, Andrea, Michonne, Lucille et Negan… Bien d’autres et des décors de fin de monde qui, mine de rien, ont largement participé de la réussite de cette saga comme on n’en fait plus. Avec ce graphisme plein de punch qui ne sacrifiait jamais (ou presque) les ressentis et la sidération. Jamais caricatural dans les expressions des visages. Même la série TV n’a jamais vraiment été à la hauteur du comics.
Dans ces derniers opus, Rick et sa bande font l’expérience d’une civilisation résiliente avec son lot de failles politiques ; quand l’État se réorganise après les événements, ne peut-il être qu’un État policier où la lutte des classes fait moteur de société ? Cruel dilemme quand Rick milite pour la paix et une forme d’idéal communiste. Malgré quelques scènes expéditives et des dialogues parfois béta, les cinq derniers tomes emportent largement l’adhésion avec leurs interrogations toujours fécondes et cette tension croissante entre impératif moral et attaque de zombies. Sans zapper un ou deux coups de théâtre dont on se remet à peine. On croit voir une lueur mais il y a toujours un rôdeur. Ou pire, un humain vengeur ! Et ce final, tout en ellipse, est très beau car plein d’émotion, fermant la boucle en embrassant la totalité de destins. Charlie Adlard, à demi-mots (relisez la fin de l’interview), nous donnait déjà le mot de la fin en 2015. Il est rare, après une telle épopée, consacrée par une exposition dédiée à Kirkman à Angoulême cette année, de réussir sa sortie. C’est fait et les larmes sont presque là. The Walking Dead est déjà culte.
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