Le photographe Arthur Fellig, né en 1899 et mort en 1968, s’était fait une spécialité du reportage de faits divers. Son nom de journaliste-artiste : Weegee. Oiseau de nuit branché sur la radio de la police, ayant des contacts un peu partout dans le New York populaire, il était souvent le premier reporter sur les lieux et ramenait aux rédactions une forte dose de sensationnel doublée d’un vrai sens esthétique. D’ailleurs, il n’hésitait pas à améliorer une scène de crime ou d’accident, repositionnant un visage, un accessoire, pour obtenir un meilleur cliché. Bien que drogué aux cadavres et à la vie nocturne loin des paillettes, Weegee aspirait à la célébrité et à la reconnaissance, celle d’un monde de l’art qui lui était finalement très lointain…

Jolie évocation, pleine de vie et de gouaille, de la vie d’un photographe atypique qui a participé à forger l’imagerie de la ville qui ne dort jamais, sale et dangereuse, bouillonnante et fascinante. Au scénario, Max de Radiguès (Orignal, Hobo Mom, 520 km…) brosse un portrait empathique de Weegee, bonhomme attachant et faussement arrogant, doté d’une déontologie toute personnelle, rêvant d’être connu comme un artiste mais ne pouvant se nourrir que de la rue. Un type pas toujours sympa, mais entier et inspiré. Pour reproduire l’ambiance du New York des années 1940, Wauter Mannaert use d’un trait souple et larges ombres noires, rehaussé de niveaux de gris, pour un graphisme vivant et léger, qui lorgne parfois vers le Pascin de Sfar. Ensemble, les deux jeunes auteurs proposent une biographie efficace et agréable, qui poussera les lecteurs à découvrir l’oeuvre d’un incontournable photographe américain.