Wet Moon #1
On se joue de Sata. Archétype du héros kafkaïen, le détective est piégé dans une réalité qu’il ne comprend pas. Il perd conscience, sa mémoire s’évade. Chaque jour en poursuite de cette meurtière au grain de beauté, qu’il ne parvient jamais à attraper. Tout le monde sait, mais pas lui.
Avec ses surfaces zébrées, ses vieilles voitures américaines et ses vices au clair de lune, Wet Moon évoque inévitablement David Lynch. Un parfum rétro, toujours élégant, raie à droite et cravate impeccable dans un 1966 resté coincé dans les fifties. Par son encre de jais aux effluves de comics underground, d’une allure incroyable, Atsushi Kaneko nous entraine dans un polar halluciné où la lune de Méliès rencontre les scènes de crime, avant que tout se mélange et que l’œil ne soit plus sûr de rien. Plus pêchu que Soil et, en fait, plus réussi à tous les niveaux, Wet Moon est un bijou d’ambiance et de mise en scène. Absolument magnétique, intrigant et rythmé avec talent. On se souviendra longtemps des néons du Luna Lounge, ce cabaret assourdissant où le mambo cadence les pas d’un Sata en perdition. Tapie dans l’ombre, toujours, la piste du meurtrier démembreur guide chaque séquence, comme autant d’indices d’une enquête échappant à la logique. Et encore loin d’être résolue…
WET MOON © Atsushi KANEKO / ENTERBRAIN
Publiez un commentaire