Wilson ***
Par Daniel Clowes. Cornélius, 22 €, le 23 septembre 2010.
Nouveau venu dans la galaxie des losers de Daniel Clowes (après, notamment, David Boring ou le héros du Rayon de la mort), Wilson n’est pas le moins haut en couleurs, ni le plus sympathique. Gras, bête et méchant, Wilson a tout du pauvre type qui a une idée sur tout et qui pense que le monde est prêt à l’entendre exposer sa vision du monde. Ambigu, il est à la fois à la recherche de gens à qui parler, mais ne parvient à réellement bien s’entendre qu’avec son chien. Mais quand il apprend que son ex-femme (pas croisée depuis belle lurette) a eu une fille de lui et qu’elle l’a faite adopter, il prend son destin en main. Est-ce vraiment une bonne chose ?
Daniel Clowes a l’art de dépeindre les misanthropes/geek/associaux de l’Amérique contemporaine, et de ne les rendre ni attachants, ni totalement insupportables. Tel un funambule, il joue sur cet entre-deux délicat, et provoque une certaine fascination malsaine pour ces personnages malchanceux et suintant le dégoût d’eux-mêmes. Magicien de la narration, il parvient à ses fins en utilisant différents styles de dessin : réalisme froid, cartoon, ligne claire limpide, etc. Et il construit, en succession de gags à froid d’une planche, le récit complet d’une existence, morne et ratée. Impressionnant.
Publiez un commentaire