Wonder
1968, la révolte étudiante gronde. Mais Renée, jeune ouvrière à l’usine de piles Wonder, ne l’entend que de loin, et encore. Entre ses journées harassantes dans les vapeurs de produits chimiques et les sorties au bal avec les lourdauds du boulot, elle ne voit pas le monde bouger. Mais un jour de mai, son usine est bloquée et elle part manifester sans trop savoir pourquoi. Et se laissera embarquer sans s’en rendre compte par le vent de la liberté…
S’inspirant du documentaire Reprise (sur le tournage d’un film d’étudiant en mai 68 aux usines Wonder), le romancier François Bégaudeau brode autour d’un personnage que rien ne déterminait à vivre les événements, une ouvrière naïve à l’ancienne, peu concernée par le droit du travail ou l’émancipation de la femme. Il la confronte aux étudiants, intellectuels, bourgeois de gauche, aspirants hippies, oisifs parisiens qui s’écoutent philosopher… D’abord choquée devant cette communauté disparate, elle trouvera tout de même un petit espace pour s’y épanouir, le temps d’une parenthèse enchantée avant la reprise en mains gaulliste. Joliment dessiné par Élodie Durand, tout lignes fragiles et mise en scène aérienne, cet album sonne juste sans en faire trop, et offre un moment de lecture plein d’espoir et de sérénité. Mais il lui manque justement un peu de densité, narrative, émotionnelle, et même par moments graphique pour vraiment laisser une empreinte dans l’esprit du lecteur. Qui refermera ce livre en étant satisfait, mais qui risque de l’oublier assez vite.
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