Wonder Woman – Legendary
Encore une origin story pour le label Urban Link avec, cette fois, rien de moins qu’un des figures les plus iconiques du catalogue DC : Wonder Woman. Cette version-ci date de 2016 et a été confiée à la très douée Renae de Liz, qui assume ici scénario et dessin seule, avec l’aide de son collaborateur et époux Ray Dillon à la couleur. Un mot du coup sur leur travail conjoint : visuellement, ce pavé tient sacrément la route. Trois cent pages de très bonne tenue avec un style graphique trouvant le juste équilibre entre, d’un côté, le classicisme indispensable pour aborder les figures divines qui peuplent l’univers de WW et, de l’autre, ce qu’il faut de touches de modernité pour dépasser le stade de l’illustré mythologique. À la croisée de ces deux approches, Diana/Wonder Woman elle-même, dont le design insufflant ce qu’il faut d’humanité et de bienveillance à son physique de statue grecque est la plus grande réussite de cet album.
Moins éblouissant, le scénario qui – sur une trame qui n’est pas sans rappeler (de loin) celle du film de Patty Jenkins (Diana, élevée par la Reine des Amazones Hippolyte loin des tracas du monde, découvre la réalité de la Seconde Guerre mondiale via l’irruption sur son île du pilote américain Steve Trevor, et choisit de se mêler aux mortels) – ne parvient jamais à créer l’excitation. Renae de Liz sous couvert de livrer un récit d’apprentissage de Diana, depuis son enfance jusqu’à son entrée dans l’âge adulte, se perd dans un prologue interminable sur Themyscira qui repousse in fine la première apparition de Wonder Woman en costume à la page 180… C’est long, très long et même répétitif, via le recours paresseux à la pire béquille des histoires de superhéros : donner puis reprendre puis rendre ses pouvoirs au protagoniste selon les besoins de l’intrigue. Ajoutons à cela des personnages assez unidimensionnels : Diana, en contradiction avec son design, apparaît au fil de l’aventure assez monolithique, et si Etta Candy, sa sidekick originelle, apporte une énergie comique bienvenue, tous les autres personnages secondaires sont transparents, à commencer par le falot Steve Trevor. Même les méchants sont faiblards.
Dernière récrimination, et pas des moindres, il y a ici un petit problème d’édition : le chouette format étroit type roman graphique de la collection Urban Link joue ici contre ce Legendary en rendant tout simplement le texte difficile à lire. Sur un 48 pages, on se ferait à ce lettrage trop petit mais sur un long format d’une telle générosité et pas spécialement avare en dialogues, cela devient rapidement usant.
On a des mots assez durs et cruels pour un album à l’arrivée loin d’être honteux, mais ils ne font que refléter notre déception face à un projet qui plus ramassé, aurait très certainement pu marquer l’histoire du personnage. Une occasion manquée.
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