Wonderland
Dans Wonderland, autobiographie introspective fruit de dix ans de travail, Tom Tirabosco (Kongo, La Fin du Monde) tente de cerner des moments clés pour en fixer les souvenirs, les ambiances, souvent déformés par le temps, qui passe, efface et échappe. L’occasion de faire le point, de reconstruire une mémoire de l’intime, de comprendre aussi un vécu et de montrer les ressorts d’un imaginaire fécond. Tommaso dessine tôt et se passionne pour l’art, contre un père autoritaire, irascible et gueulard, à l’ombre aussi d’un frère né handicapé physique, centre de toutes les attentions. Jalousie, passion, incompréhension, désenchantement, l’auteur traverse des états, en livre sa perception et s’interroge sur le sens des choses, d’une enfance romaine dans les années 1970 aux responsabilités d’adulte en passant par le collège.
Tom Tirabosco dessine tout en pudeur et simplicité, trop parfois, à tel point qu’on lâcherait le livre. Mais s’il raconte une histoire familiale somme toute classique voire bien sage dans le ton, entre souvenirs, anecdotes et perception d’un monde qui oblige à s’engager, c’est bien le graphisme qui impressionne et retient l’attention : à la fois figé et plein de vie, le trait au crayon gras – c’est-à-dire l’âme de son auteur – anime le marbre des réminiscences. La couleur vient du mouvement quand le souffle passe par un regard expressif ou une fantasmagorie d’enfant assoiffé de nouveauté, de rencontres, en quête de merveilleux. C’est donc le récit et la mémoire d’un garçon qui grandit, se structure avec et contre le monde, s’inspire de Disney et du Titien avant de s’interroger sur une planète qui part à vau-l’eau… En toute sincérité. Libre à chacun ensuite d’y picorer pour explorer son propre chemin.
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