Par Amir et Khalil. Casterman, 16 €, le 14 septembre 2011.

Diffusée sur le net en plusieurs langues, cette fiction réaliste sur les suites de l’élection frauduleuse de Mahmoud Ahmadinejad en Iran en 2009 paraît enfin en version papier. Et c’est tant mieux, car cette bande dessinée signée de deux auteurs préférant garder l’anonymat est puissante et bouleversante.

On suit l’enquête d’un jeune Iranien et de sa mère, à la recherche de leur frère et fils Mehdi, disparu après une immense manifestation populaire contre le scrutin truqué. Une protestation réprimée dans le sang, et sur laquelle la chape de plomb du secret politique s’est refermée. Grâce à l’aide de personnes engagées, et de pots-de-vin concédés, ils vont mettre au jour l’horreur d’une bureaucratie corrompue et de leaders sanguinaires.

Au fil des courts chapitres qui composent cet album, on ne quitte pas d’une semelle le frère de Mehdi dans ses investigations au coeur d’un pays qu’il ne connaît plus. Un pays dont le peuple tente péniblement de joindre les deux bouts, et dont les dirigeants accaparent les richesses et font taire la moindre opposition, sous couvert d’une pratique religieuse dévoyée. L’enquête des personnages, fictionnelle mais inspirée de faits réels et documentés, est ainsi une marche funèbre et désespérée, vers le tombeau de Mehdi et la mort de leur pays. Le dessin fluide et presque cartoonesque offre une grande lisibilité à l’ensemble, et une identification aisée à ces hommes et femmes déchirés. Page après page, on sent ainsi la crainte qu’inspire une dictature ultra-violente, la pesanteur d’un système établi justement pour que rien ne bouge, et surtout l’impasse dans laquelle semble s’enfermer l’Iran. On pardonnera alors au récit d’être parfois un peu laborieux, car au final, Zahra’s Paradise est une bande dessinée terrible et importante.

À noter qu’on peut découvrir Zahra’s Paradise en épisodes sur Delitoon.

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