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3 Comments

Zep revient sur « Une histoire d’hommes »

30 décembre 2013 |

Ce fut l’une des (bonnes) surprises de la rentrée. Avec Une histoire d’hommes, Zep changeait de registre. Le créateur de Titeuf poursuivait un virage entamé avec Carnet intime. Retraçant le parcours heurté de quadragénaires, amis et anciens membres d’un groupe de rock, qui se retrouvent en Angleterre, chez l’un d’entre eux devenu une star. Entretien avec un auteur qui a des envies d’ailleurs, et se cherche encore volontiers.

zep_histoire_portraitComment Une histoire d’hommes est-elle née ?

Au départ, je voulais raconter une histoire sans gags, de façon plus réaliste ou dramatique qu’habituellement. J’avais noté beaucoup de pistes différentes dans mes carnets, ou dans ma tête. Déjà, il y avait l’idée d’Yvan, un homme de mon âge qui n’arrive pas à mûrir, qui vieillit sans grandir. J’ai été ce personnage à un moment de mon existence : je n’ai pas voulu devenir comme mes parents, me marier, avoir des enfants… Aujourd’hui, j’en ai cinq !

Comment avez-vous imaginé le personnage de la rockstar Sandro?

Il m’est venu naturellement. L’intrigue s’est bâtie autour d’un groupe qui se brise, banalement – j’ai eu des dizaines de groupes qui ont fini comme ça ! Ce qui m’intéressait, c’était la manière dont on vit l’échec, le renoncement, particulièrement quand l’un des membres du groupe a, lui, poursuivi le rêve… Sandro me touche beaucoup. Comme lui, j’ai eu des ambitions, que je me suis donné les moyens de satisfaire. Tous les héros de cet album ont des fêlures, se sont livrés à des compromissions. J’ai trouvé plus intéressant de raconter l’aventure de ces quadragénaires plutôt que de me lancer dans des péripéties à la Indiana Jones. Je voulais rester crédible, sensible. L’amitié est ici essentielle, comme dans Titeuf. On peut imaginer que le duo Yvan-Sandro ressemble à celui formé par Titeuf et Manu, d’ailleurs.

Pourquoi ancrer ce récit dans le monde du rock ?

Je le connais bien [Zep a choisi son pseudo en hommage à Led Zeppelin, et a joué dans de nombreux groupes]. Mais il reste un décor, une toile de fond. Mes héros auraient tout aussi bien pu être les joueurs d’une équipe de foot. Mon but était d’évoquer leur rêve commun, de planter un personnage, Sandro, étouffé par un secret.

zep_histoire_1Passer au drame après tant de temps à dessiner Titeuf, ce fut un besoin ?

J’en avais envie depuis des années, mais je ne m’autorisais pas à le faire. J’étais un auteur humoristique, et j’avais le sentiment que le langage que j’avais ainsi développé m’allait très bien. L’humour me permettait de garder mes distances, de m’en sortir d’une pirouette. J’avais peur de sombrer dans le pathos.

Quel a été l’élément déclencheur ?

La parution de Carnet intime, il y a deux ans, a ouvert une porte. J’ai publié ce recueil de croquis sur l’insistance de Thierry Laroche, éditeur chez Gallimard. Tout à coup, ces dessins de vieux cailloux, d’arbres et d’églises m’ont semblé dire quelque chose d’intime, traduire mes interrogations. De plus, le livre a été bien reçu, les lecteurs ont semblé touchés. Cela m’a poussé à passer à l’acte.

De quelle façon avez-vous trouvé le style graphique de cet album ?

Je l’ai dessiné trois fois. J’hésitais d’abord entre le croquis et le dessin réaliste, et ça ne fonctionnait pas. Une histoire d’hommes est pour moi le début d’autre chose, mais n’efface pas ce que j’ai fait jusqu’à présent. Je ne compte pas arrêter la BD humoristique. Mais je ne me sens pas non plus tenu de continuer une série qui marche commercialement parlant, jusqu’à ma mort… J’aimerais suivre l’exemple d’un Manu Larcenet, dont l’oeuvre mêle des livres drôles et d’autres très graves. J’aime toujours faire Titeuf, j’y reviens enrichi de ce que j’ai pu faire entre deux épisodes.

zep_histoire_2

zep_histoire_3Quels sont vos projets ?

J’en avais cinq il y a un mois, et une quinzaine aujourd’hui… A la fois des gags, et du plus sérieux. Pas un ne se détache. Ce qui est fâcheux, car j’ai bien envie de commencer mon prochain livre… Je vais travailler mes idées, affiner les synopsis, attaquer les storyboards. Je ne me désespère pas, j’attends. Et j’échange beaucoup avec mon agent, Jean-Claude Camano, qui a édité Titeuf.

Pas d’envies au cinéma ?

Non. Mon envie de grand écran a été totalement assouvie par Titeuf le film, qui m’a pris deux ans — une durée pendant laquelle j’aurais pu publier quatre albums ! J’adore faire des livres, et je n’ai pas fait le tour de cette activité.

Propos recueillis par Laurence Le Saux

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Une histoire d’hommes
Par Zep.
Rue de Sèvres, 18€, le 11 septembre 2013.

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Images © Rue de Sèvres.

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Commentaires

  1. Il a bien de la chance Zep d’avoir une quinzaine de projets aujourd’hui, car, quelque soit celui qu’il choisira de développer il y aura un éditeur pour le suivre, ce qui n’est pas le cas de tout auteur.

  2. Francois Pincemi

    Parti de rien ou presque (premier album publié par Glénat en noir et blanc à 5000 exemplaires), Monsieur Zep a obtenu à la force du poignet fortune et renommée. Donc son nom est synonyme de réussite, il encourage les acheteurs à tenter une nouvelle expérience. Regardez l’histoire d’hommes, parue chez rue de Sèvres: on est loin de Titeuf, dans la forme comme dans le fond, et pourtant le livre marche commercialement. La réussite commerciale permet d’obtenir la liberté artistique de création, maintenant, évidemment notre société est inégalitaire, et oui mes bons zamis.

  3. Patrick

    Zep était déja un auteur Spirou avant de créer Titeuf.

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