Zoc
Zoc désespère : tout le monde la trouve bizarre, effrayante, et elle ne sait pas quel cursus d’études ou voie professionnelle choisir. Il faut dire que Zoc n’est pas une jeune fille comme les autres : ses cheveux attirent, aspirent et retiennent la moindre goutte d’eau qui les touche. Sans parapluie un jour d’ondée, elle rentre ainsi la chevelure chargée d’eau, qu’elle doit ensuite longuement essorer… Don ou malédiction, difficile à dire, mais sa condition en fait une paria. Bien décidée à donner un virage positif à sa vie, Zoc va tenter de s’inventer son propre métier : elle va éponger les eaux des villages inondés et ainsi aider leurs habitants. Mais cela ne sera pas sans conséquence…
Formée à l’animation, Jade Khoo publie ici une première bande dessinée qui impressionne par la qualité de son découpage, de ses cadrages, ainsi que par l’originalité de sa mise en scène. Le fond de l’histoire est classique : l’apprentissage d’une ado atypique en quête d’une place à elle dans un monde trop compliqué, au travers d’un cheminement sur les routes et dans sa tête, vers une forme de calme et de maturité. La rencontre avec un garçon qui s’enflamme dès qu’il perçoit une émotion forte autour de lui – véritable protagoniste miroir – enrichira son voyage initiatique. Au-delà de cette trame métaphorique du passage de l’enfance à l’âge adulte, plutôt attendue donc, Jade Khoo déploie une narration lumineuse et contemplative, proche du cinéma. Par sa profondeur de champ, ses compositions de plans, son rythme qui laisse le temps d’observer les images. Mais on reste bien dans la bande dessinée, car sa ligne toute en finesse crée des personnages loufoques (ces étonnants chanteurs-oiseaux, notamment), et des décors quasi oniriques, dans des teintes tranchées et inattendues. Une belle révélation.
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