44 après Ronny
Ils arrivent un par un pour passer le week-end en famille. Ils viennent célébrer le « dernier jour de liberté » du pépé qui doit entrer en maison de repos. Ils amènent avec eux leurs problèmes et leurs chagrins, leurs divergences et leurs rancœurs… Comme dans une chanson de Jacques Brel, Michaël Olbrechts décrit un à un les membres d’une famille belge d’origine rurale. D’abord il y a le père, bonne pâte sans trop de personnalité, et la mère, qui veut réconcilier ses fils. L’aîné, qui vit un passage à vide. Le second, qui cache ses failles sous la façade. Et enfin il y a le grand-oncle, à qui on ne parle plus depuis des années, depuis Ronny. Ronny… qui restera un mystère jusqu’à la fin du récit.
Très ancré dans la réalité un peu déprimante de la vie, ce huis-clos familial reste optimiste et solaire grâce à la présence d’un voisin simple d’esprit et à l’amour. L’amour au sein des couples et le respect que chacun porte au pépé malgré son état diminué. L’amour – dont les deux jeunes trentenaires sont privés – est la seule valeur capable de maintenir soudée la famille en proie aux difficultés de la vie.
44 ans après Ronny se base sur l’observation d’un pays et de ses habitants, restituant l’atmosphère et l’architecture des villages du Nord. Porté par un dessin sobre et une jolie mise en couleur, ce récit est simple et juste. Sans qu’il n’y ait beaucoup d’action, on s’attache aux personnages et à leurs faiblesses. C’est donc avec un peu de mélancolie qu’on referme ce livre, parce qu’avec la fin du week-end chacun retourne à sa solitude. Sauf pour ceux qui auront cultivé la seule valeur qui compte.
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