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American Gods #1

29 novembre 2018 |
SERIE
American Gods
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
COLLECTION
PRIX
22.50 €
DATE DE SORTIE
26/10/2018
EAN
B074JRXNNZ
Achat :

De tous les romans de Neil Gaiman, American Gods est celui pour lequel l’engouement des fans s’est au fil du temps le moins démenti. Cette saga mythologique sur une guerre entre divinités sur le sol américain, publiée en 2001, est considérée comme un classique de la littérature fantastique. Son inévitable adaptation sur les écrans s’est fait attendre pendant plus de 15 ans mais l’an dernier, une série télé à grand spectacle a enfin trouvé le chemin de l’antenne sur Amazon. C’est peut-être ce regain d’intérêt pour le texte qui a conduit Dark Horse à en commander à P. Craig Russell, l’adaptateur officiel de Gaiman en BD (Coraline, Le Premier meurtre, L’Etrange vie de Nobody Owens), sa propre version.

american_gods_image1 Comme à chaque fois, Russell opte pour la fidélité. C’est à la fois la principale qualité et le principal défaut du projet. Qualité car Russell connaît les subtilités du style Gaiman à la perfection et il l’a démontré dans Nobody Owens, il sait comment transcrire avec rythme et efficacité la prose de l’auteur. À l’inverse, sa loyauté au texte aboutit dans le cas d’American Gods à une BD qui fait un peu l’âge du matériau source. Sans faire injure aux Gaimanphiles (parmi lesquels on se compte), American Gods est un roman si inscrit dans son époque thématiquement et stylistiquement parlant, que sans un minimum de mise à jour, il peut vite paraître daté. D’autant que Russell, qui pour une fois se contente du scénario, a fait appel ici à un dessinateur principal, Scott Hampton, qu’il ne pousse pas à rivaliser de modernité. Tout dans les couleurs, la mise en scène, même les costumes, respire en fait les années 90 davantage que notre XXIe siècle, dont Gaiman essayait alors de prophétiser les grandes orientations avec plus ou moins de bonheur.

Il y avait sans doute mieux à faire et le plus cruel pour cette aventure éditoriale, c’est que la série TV ose, elle, quitte à verser dans l’excès et flirter avec la vulgarité, prendre ses distances avec le roman pour s’ancrer plus manifestement dans la deuxième moitié des années 2010. Prenons Technical Boy, la juvénile divinité des nouvelles technologies. Le voir s’agiter à la télé sur son smartphone, en train de suçoter une cigarette électronique, est autrement plus réjouissant que de l’écouter disserter dans la BD, fidélité au livre oblige, sur les « autoroutes de l’information ». De même, cette adaptation aurait supporté des prises de risque graphiques plus folles que ce que se permettent Russell, Hampton et les artistes invités à mettre en scène les chapitres hors série « Arrivée en Amérique » (des histoires courtes indépendantes en marge de l’action), à l’exception d’un Glenn Fabry à l’aise sur son segment. Il y a dans le roman des scènes mémorables (la première séance de sexe transcendantal de la déesse Bilquis pour n’en citer qu’une) que la série, encore une fois, transcrit avec dix fois plus d’impact que la sage mise en scène proposée ici. À l’arrivée, ce premier tome chez Urban témoigne d’un travail d’adaptation sérieux, qui a pour seul défaut de pas ne nous laisser d’autre choix que de nous en remettre avant tout au texte. De quoi donner surtout envie, donc, de (re)lire le roman original.

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