Angoulême 2025 : l’expo Gou Tanabe X Lovecraft
Avec L’Atelier des sorciers et Vinland Saga, l’exposition consacrée au travail de Gou Tanabe autour de l’oeuvre de H.P. Lovecraft est la 3e dédiée au manga du 52e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Et ce n’est pas la moins réussie.
L’écrivain américain Howard Philip Lovecraft (1890-1937) a durablement infusé dans tous les pans de la culture fantastique mondiale, de la littérature au cinéma, en passant par les jeux de société, les bandes dessinées, les jeux vidéo, et bien entendu les mangas. C’est ainsi que l’artiste japonais Gou Tanabe s’est lancé dans une série d’adaptations de ses romans et nouvelles, publiée en France aux éditions Ki-oon, sous le titre Les Chefs d’oeuvre de Lovecraft.
L’exposition du Festival d’Angoulême se penche sur ce travail méticuleux et inspiré, en montrant une large sélection de planches issues de ses mangas, tels Le Mythe de Cthulhu, L’Abomination de Dunwich ou Le Cauchemar d’Innsmouth. Composition audacieuse, double planche pleine de tentacules ou d’architectures impossibles, l’encre noire du mangaka se fait organique au sein de découpages volontiers hallucinés. La scénographie tout de noir revêtue plonge le visiteur dans les tourments d’une âme autant que dans les tourbillons de monstres anciens, pour tenter de mettre en forme l’indicible. Outre un trait à la fois fluide et tendu, on découvre aussi une technique de travail poussée sur certaines scènes : Gou Tanabe dessine les éléments de ses grandes images séparément, par exemple l’arrière-plan, les personnages et les éléments de décor sur trois feuilles différentes, avant de les réunir numériquement et d’y appliquer moult effets et trames. Curieusement, le résultat final est dense et parfois trop touffu, alors que les originaux dévoilés à Angoulême sont d’une limpidité à couper le souffle…
Si l’on pourra trouver lassante la succession de nombreuses planches assez similaires (visions de monstres visqueux, de corps déformés ou de faciès terrifiés…), leur force n’est en rien en cause, et la manière de les mettre en valeur non plus. On regrettera simplement des cartels trop petits et de trop récurrents extraits de romans de Lovecraft, mais rien qui n’empêche de plonger dans un cauchemar littéraire et graphique à nul autre pareil…
Photos © BoDoï
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