Par Bruno Loth. La Boîte à bulles, 17 €, janvier 2011.

Nous sommes à Bordeaux, en 1935, et les chantiers maritimes du Sud-Ouest forment le fleuron de l’industrie locale. C’est à cette époque que Jacques décide de quitter les bancs de l’école pour entrer comme apprenti sur le chantier de L’Indochinois, un monstre d’acier de 5000 tonnes. Jeune homme cultivé et discret, il va découvrir, non sans mal, la réalité de la vie ouvrière. On plonge en sa compagnie dans un milieu rude et codifié, où l’émergence du Front populaire fait germer des espoirs de lendemains meilleurs.

Pour réaliser ce magnifique témoignage historique, qui brosse un portait éclairant des années 30, Bruno Loth a tout simplement pioché dans les récits, documents et souvenirs de son père, lui rendant au passage un hommage, affectueux et émouvant. En toute simplicité, il nous emporte dans le quotidien d’un jeune homme qui entre dans la vie active, plein d’espoirs et de rêves. Agrégations de nombreuses anecdotes, le récit est dynamique et respire la bonne humeur. Avec un trait réaliste et une palette de couleurs douces qui nous emmène en plein coeur de l’usine, il utilise à merveille les codes et les possibilités offertes par la bande dessinée pour captiver les jeunes lecteurs, et leur montrer que le neuvième art est un support idéal pour accomplir son devoir de mémoire et explorer avec pertinence des époques passées. Entre insouciance de la jeunesse et premiers pas dans le monde des adultes, c’est un portrait de société poignant que nous propose cet album !

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