La belle et magique Aquarica vient d’une contrée bien étrange : une île installée sur le dos d’une baleine géante. Baleine qui a jadis fait sombrer le Golden Licorn et son équipage… Une fois qu’ils apprennent ce triste secret, les pêcheurs de Roodhaven veulent se venger de celle qui a tué leurs amis et aïeux : ils partent en mer pour achever le cétacé géant. Mais Aquarica, aidée d’un scientifique et d’un villageois, part à leur poursuite pour sauver les siens.

Au-delà de la fable écolo-romantique aux jolies idées visuelles mais parfois un brin surannée, ce second tome d’Aquarica est très émouvant compte tenu de son contexte de publication, et donc de sa forme. Car son dessinateur, Benoît Sokal, frappé par la maladie et décédé voilà un an, n’a pu le mener à son terme. Et c’est son co-scénariste, François Schuiten, qui s’est attelé au dessin des dernières pages, dans son style à lui, bien différent de celui de son complice. La rupture est nette, et il est difficile de ne pas être touché au moment où la plume change de main, en imaginant la douleur et la peine ressentie par l’auteur belge des Cités obscures qui a clôturé ce projet de longue haleine, seul. Car Aquarica, c’est une aventure de 20 ans. Il fut d’abord un projet de film qui n’a jamais abouti, qui a entraîné des années de recherche et d’écriture, avant de devenir une bande dessinée au design racé, bel ouvrage à l’ancienne qui est devenu, par la force des choses, le chant du cygne d’une grande signature du 9e art.