Dominer le monde, régner sans partage sur le royaume et devenir un être craint et redouté par tous les villageois, voilà le programme bien chargé que s’est fixé un jeune apprenti seigneur des ténèbres, qui, il faut l’avouer, part de très, très loin. Avant d’arriver, peut-être un jour, à toucher du doigt son funeste destin, il va devoir construire sa réputation pierre par pierre. C’est qu’il faut penser à tout quand on envisage de détrôner Stéaras, le plus infâme méchant que le monde est connu, mais disparu depuis maintenant 200 ans! La place est libre, mais elle ne sera pas si simple à obtenir. Les journées sont bien occupées, entre la recherche d’un repère lugubre, le recrutement de collaborateurs, l’enlèvement de la fille du roi ou encore le bébé dragon à élever. Il y a de quoi faire, surtout que vous l’imaginez bien, rien ne se passe comme prévu !

Dans le paysage de la bande dessinée jeunesse, et notamment celui des séries, les éditions Sarbacane nous ont réservé quelques jolies surprises ces dernières années (Hôtel étrange, Cruelle Joëlle, 10 Petits Insectes). Alors quand on voit arriver un nouveau projet, on s’y intéresse tout particulièrement. On découvre ici un duo d’auteurs qui ont déjà une petite expérience de l’édition et de la jeunesse, mais qui signent pour la première fois un ouvrage chez Sarbacane. Ced, le scénariste, est plutôt à l’aise dans le registre humoristique et il opte ici pour des gags en une page qui suivent un fil rouge permettant la découverte des personnages et de l’intrigue au fil des chutes et des péripéties. Il campe ses personnages dans un univers d’heroic fantasy qu’il a déjà pu explorer notamment dans Les Passeurs d’âmes, chez Makaka. C’est Jean-Philippe Morin, un dessinateur qui nous vient du Québec, qui se charge de mettre en images tout cela avec un trait vivant et expressif, assez cartoon ! Rien d’étonnant quand on sait qu’il a travaillé dans l’animation et le dessin animé durant quelques années. L’ensemble est donc très plaisant, amusant et efficace, mais reste au fond assez attendu dans l’esprit. Les jeunes lecteurs y trouveront leur compte et entreront assez facilement dans cet univers, mais à l’image de certaines séries qui présentent plusieurs niveaux de lecture, A.S.T. ne limitera à un lectorat débutant, ce qui est déjà une bonne chose !