Averys’ Blues
Dans l’Amérique post esclavagiste et ségrégationniste, Avery, jeune Noir errant sur les routes et chantant le blues dans les tripots, mène une vie rude, violente et très imbibée. Jusqu’au jour où son chemin croise celui du Diable. Ce dernier ne veut pas de l’âme d’Avery, trop impure à son goût. Il lui demande de lui en fournir une plus pure, en échange de quoi Avery deviendra un bluesman de renom. Le vagabond jette alors son dévolu sur le jeune Johnny, pauvre gosse du voisinage avec qui il entame un périple à travers le Sud. Un voyage durant lequel ils se débarrasseront de leurs carapaces et montreront la vraie couleur de leurs âmes.
Les bluesmen sont à l’honneur depuis quelque temps en bande dessinée. La figure mythique de Robert Johnson, évoquée dans Love in vain en 2014, est ici très présente et sûrement inspirante. On retrouve beaucoup de sa personnalité et de sa vie tourmentée dans le héros de ce one-shot. Variation sur le mythe de Faust, cette bande dessinée aborde aussi le thème de la double identité masculin/féminin. Elle ne met pas seulement l’accent sur le destin réservé aux Noirs, mais s’attache aussi à dénoncer le sort des femmes issues de cette communauté à cette époque. Véritables proies, elles étaient affligées de la double peine d’être femmes et noires, et donc pour certaines prêtes à tout pour survivre.
Le duo espagnol Tamarit et Angux, nouveaux venus dans la bande dessinée, propose donc une belle évocation du bluesman damné et va bien au-delà d’un portrait manichéen. Le scénario, grâce à ses personnages doubles, est riche en rebondissements, et le trait expressif de Tamarit, ainsi que sa palette de couleurs ocre, marron, jaune orangé, nous plongent tout de suite dans l’ambiance d’un Sud poisseux et violent. Des auteurs prometteurs à suivre !
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