Basquiat
Jean-Michel Basquiat fut un météore dans l’histoire de l’art du XXe siècle. Graffant sur les murs de New-York sous le pseudo de SAMO aux côtés de Keith Haring, forçant les portes pour côtoyer Andy Warhol, travaillant sans relâche quand il ne se défonçait pas. Beau, magnétique, audacieux, irrévérencieux, Basquiat a vécu en permanence avec ses ambiguïtés, sa soif de reconnaissance et son amour de l’art. Jusqu’à se brûler définitivement les ailes et mourir d’une overdose à 27 ans. C’est cette trajectoire que retrace cette biographie en BD, qui tente de pénétrer dans l’esprit torturé du peintre.
Et elle y réussit en partie, grâce à la bonne idée du scénariste Julian Voloj, spécialiste des bios (Joe Shuster, un rêve américain, Ossi) de donner à Basquiat un acolyte fantomatique, à la fois alter ego et miroir, reflet de l’âme sombre du gamin de Brooklyn. Une figure totémique mouvante et noire, tirée d’un tableau du peintre, et qui regarde son créateur devenir une star à Manhattan puis perdre pied. Mais cette trouvaille narrative – et visuelle, puisqu’elle plonge le lecteur dans le monde graphique de Basquiat – ne suffit pas à combler les failles du projet : difficile en effet de pénétrer cette bio en BD si on ne connaît pas ou peu l’homme et son oeuvre, car la trame est dissolue et parcellaire, même si elle demeure chronologique. Le dessin de Soren Mosdal (Rockworld, Erik Le Rouge) n’est pas en cause, tout en puissance et en mouvement. C’est plutôt le choix de cette narration erratique qui, si elle correspond bien au personnage, manque toutefois de clarté pour bien apprécier son importance dans le New-York des années 80 et dans l’histoire de l’art en général. Intéressant, mais frustrant.
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